Au sujet du passage en Espagne à partir de la
vallée d’Aure, de la Ténarèse et des ports
de Plan et d’Urdiceto, voici quelques informations complémentaires
que j’ai glanées ici ou là :
- dans les notes qu’il a apportées à la reproduction
de la légende de la carte de Roussel parue dans le Bulletin
pyrénéen en mars 1912 (n° 110), l’abbé
François Marsan (l’érudit de Guchen, en vallée
d’Aure) dit avoir vu, le 17 août 1894, « dans les schistes
érodés de l’arête terminale et sur les dernières
pentes, la trace d’une ancienne voie, décrivant de nombreux
lacets (…), visible sur tout le parcours, principalement sur le
revers méridional, où des murs de soutènement subsistent
encore ». Il ajoute que les bergers du village espagnol de Gistain
parlent du « camino de carros », et que « de
tradition les colliers chargés franchissent le col » (à
noter qu’au port d’Ordiceto il n’y a qu’un sentier).
Cet abbé indique en passant que la dénomination Ténarèse
dérive du bas latin « itinerem cesarem » en
passant par les étapes suivantes : élimination des initiales
i et c et des finales em, interversion du e et du a, ce qui donne Tinareser,
et finalement, l’ i devenant en gascon un é fermé
et l’ r final ne se prononçant pas, Ténarèse.
- sur la carte de Roussel (dont un extrait est visible dans mon site sur
le cirque de Barrosa voir
la carte), élaborée à partir de 1715, sont figurés
deux chemins qui divergent peu après l’ « Hopital de
Riou Mayou », l’un franchissant le « Port d’Ourdicet
» et descendant sur « Parçan » et Bielsa, l’autre
franchissant le Port de Plan et donnant directement accès aux nombreux
villages de la vallée du rio Cinqueta, plus peuplés autrefois
qu’à présent. Sur ce dernier itinéraire, au
pied du port, est figuré l’ « Hopital d’Arragon
», pendant sur le versant espagnol de l’hospice de Rioumajou.
Au même endroit, proche du rio Cinqueta, la carte Alpina localise
l’ « Opital de Christen [= Christau] ruinosa
». Le docteur Verdun, pyrénéiste du CAF, parle, dans
le récit d’une course en 1902 (Annuaire du Club Alpin
Français, 1903) des ruines de l’Hôpital de Gistaïn,
Hôpital cité également par le Guide Ollivier
(Pyrénées centrales III, vallées d’Aure et
de Luchon, page 23).
- sur la carte de Cassini ne figure que le chemin franchissant le port
de Plan.
- Vincent de Chausenque, montant en 1836, un mercredi («le seul
jour où il soit permis aux Espagnols de passer le port pour aller
le lendemain au marché d’Arreau »), de l’hospice
de Rioumajou au port de Plan, croise sur le chemin une « foule d’Espagnols
[y compris des femmes et des jeunes filles] avec leurs charges et leurs
bêtes », partis de la vallée de Gistain, (il le raconte
dans Les Pyrénées ou Voyages pédestres dans toutes
ces montagnes depuis l’Océan jusqu’à la Méditerranée,
éditions Monhélios, 2006, tome I, chapitre XX, pages 532
à 538)
Le chemin du port de Plan est assez raide en bas dans la forêt avant
d’atteindre les faibles pentes du « Plateau de Mommour »,
mais le sentier du port d’Ordiceto est lui exposé lorsqu’il
surplombe la gorge du ruisseau qui descend de la Montagne de La Plagne,
à un endroit qui se prête mal à l’aménagement
d’un large chemin : finalement, bien que plus haut de 124 mètres
que le port d’Ordiceto, il semble bien que le port de Plan ait été
dans le passé le plus fréquenté des deux ports, et
sans doute le col par où la Ténarèse franchissait
les Pyrénées.
Pierre Carrière courrie
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