Connaître saint Jacques - Comprendre Compostelle
page établie en février 2003
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A Plougastel-Daoulas, « la fontaine de l’imageur »

présentée par ses concepteurs, Jacques et Juliette Damville

La Fondation a eu la chance de retrouver deux artistes-pèlerins, Jacques et Juliette Damville, dont une oeuvre majeure, « la fontaine de l’imageur », mériterait le patronyme Saint-Jacques. Il lui a d'ailleurs été attribué par des pèlerins imaginatifs. Cette fontaine est en effet riche en symboles, évocateurs du pèlerinage à Compostelle pour tous ceux qui se "shootent à la coquille" comme le dit Jacques Damville. Mais au delà des symboles, sculptés dans le granit et le bronze pour de toutes autres raisons, l'histoire de cette fontaine parle de saint Jacques de plusieurs façons. Jacques et Juliette ont bien voulu nous la confier. Qu'ils en soient très chaleureusement remerciés.
Nous serons heureux si la Fondation peut, par cette page, contribuer à les faire mieux connaître car seule la recherche faite, à notre demande, par la mairie dans ses archives a permis de les retrouver (preuve que les méthodes de l'historien valent aussi pour le présent). Nous nous faisons un plaisir de présenter une autre de leurs oeuvres, sans rapport avec saint Jacques. Le calvaire et la table d'orientation qu'ils ont réalisés à Saint-Pierre-es-Champs (Oise) témoignent de leur sensibilité, de la qualité de leur inspiration et de la magie de leur art.

L'histoire de « la fontaine de l’imageur » de Plougastel-Daoulas
racontée par Juliette et Jacques Damville

Nous avons appelé cette fontaine la « fontaine de l’imageur » en hommage aux artistes, peintres et sculpteurs itinérants qui réalisaient les calvaires, retables, etc. Nous avions à intervenir sur un site classé, à quelques dizaines de mètres de l’un des plus beaux calvaires bretons. En 1990, cette réalisation allait remplacer une halle en béton, récemment démolie grâce à une mobilisation de la population qui fit grand bruit car elle déboutait les services des Bâtiments de France qui avaient autorisé cette affreuse construction devant le parvis de l’église, dans ce qui était le périmètre sacré du cœur de la ville. Grâce à nos attaches familiales de Plougastel, nous avons été informés du lancement d’un concours pour l’aménagement de la future place. Bien que sans expérience en art monumental mais forts de nos connaissances professionnelles, nous avons tenté notre chance en commençant par glaner des symboles[1] auprès d’érudits et conteurs bretons, dont le regretté Pierre Jakès Helias. Et nous avons proposé un ensemble figuratif chargé de symboles , parmi lesquels deux sculptures de bronze, l’arbre à pommes et l’imageur harcelé par un petit chien. La grande vasque en granit breton, par sa forme de coquille Saint-Jacques, répondait au cahier des charges voulant évoquer une des richesses de Plougastel, la pêche de la coquille.
Une commission populaire créée pour la circonstance, le maire et son conseil ont été séduits. Nous pouvions nous lancer dans la réalisation.

Déjà, pour nous, la coquille Saint-Jacques évoquait mon saint patron et le pèlerin, et c’est pour cela que des coquilles figurent au cou du personnage. Ce parrainage de saint Jacques allait être de plus en plus justifié, comme en témoigne l’anecdote suivante : n’ayant pas d’expérience dans la taille du granit, nous avions sculpté une grande maquette de la vasque en plâtre et nous nous sommes mis en quête d’un assistant ou d’une entreprise pour la transposer en granit. Mais les délais et les coûts se sont révélés exorbitants. C’était désespérant ! C’est alors que, chance incroyable, nous rencontrons le démolisseur François Nédélec, dont l’entreprise, outre démolir et récupérer, réalise aussi des éléments d’architecture traditionnelle. Il a « notre » homme, qu’il a déjà employé, mais qui est rentré chez lui, en Espagne. Où ? En Galice ! Il y dirige une petite entreprise près de Saint-Jacques-de-Compostelle. Et il ajoute : « çà tombe bien, je vais le voir bientôt, donnez-moi une photo de votre maquette ». Nous étions dans l’été 1990 et nous avions promis de respecter la volonté du maire, André Le Gac, qui était de livrer le monument pour le solstice d’hiver. C’était son cadeau de Noël (Nédelec ! en breton) à ceux qui l’avaient élu aussi sur ce programme : démolir les halles et les remplacer par une place conviviale.

Nous avons attendu impatiemment le retour de Nédelec, il nous rapportait une très bonne nouvelle cette réponse du granitier Galicien qui nous fit bondir de joie : « votre vasque me plaît beaucoup, je cherchais justement à réaliser quelque chose comme un chef-d’œuvre de compagnon, mais je ne trouvais pas. Mais je ne peux venir que pendant trois semaines ». Nous avons alors cherché fébrilement le bloc de granit dans toute la Bretagne, accompagnés de François Nédélec ; à nouveau les coûts et les délais ne convenaient pas. Et notre futur assistant galicien s’impatientait tellement qu’il nous fit une proposition stupéfiante : « je viens avec mon caillou ! Dites à votre maire que c’est la même veine de granit qui, de Galice, ressort en Bretagne ! ». Très excités, nous arrivons chez le maire : « C’est formidable, l’assistant José David vient de Galice avec son bloc, comme saint Jacques dans son auge de granit ! ». Bien que sensible à la poésie, l’élu ne s’est pas laissé convaincre : « vu les circonstances, il nous faut un granit local ».

Non sans mal, nous avons fini par dénicher un bloc de 19 tonnes de granit bleu, très dur et plutôt destiné aux bordures de trottoir. Et notre assistant est arrivé, fort mécontent de notre trouvaille. Il dût adapter les outils et sa stratégie de taille. Au passage, nous apprenions qu’il donnait des conseils techniques aux Beaux-Arts de Saint-Jacques-de-Compostelle. Enfin, grâce à son savoir et au contexte très professionnel de l’entreprise Nédélec, José David remplit son contrat avec une maîtrise prodigieuse, laissant bouche bée les granitiers bretons, nombreux à se demander comment nous allions nous en sortir ! Rappelons qu’aucun de ceux que nous avions sollicités n’avait voulu tenter l’aventure. L’un d’eux avait même répondu : « il vous faudrait un wagon d’Espagnols » ! L’ensemble a bien été livré pour le solstice d’hiver lors d’une fête mémorable avec fanfares et Bagads.

Vers la fin du chantier, à la fin d’un repas dans notre « routier », tellement mis en joie par la tournure des événements, d’un commun accord, Juliette et moi déclarons à José : « nous irons te remercier à pied… ». Nous avons tardé… Nous avons commencé le chemin en 1996 et, à la mi-novembre 1999, à une journée de marche de Saint-Jacques, nous avons téléphoné à notre génial granitier galicien. Neuf ans après, nous avons retrouvé un homme aux affaires florissantes, et tellement content de nous revoir…

En allant faire tamponner nos credencial pour l’ultime tampon et obtenir la Compostela, nous avons été présentés à dom Jaime. Il y avait très peu de pèlerins à cette époque et nous avons eu le temps de faire connaissance et de lui montrer les photos du calvaire[2] que nous venions de terminer. C’est alors qu’il m’a proposé de préparer une prière pour la grand messe du lendemain ! Je ne savais que répondre car je ne suis plus pratiquant. Je le lui dis, tout en évoquant ma quête spirituelle. « Enfin, faites-le si ça vous fait plaisir » a-t-il fini par me dire. J’ai très peu dormi et, au petit matin, j’ai lu à Juliette ce que j’avais écrit dans la nuit. Ma prière lui a plu (bien qu’elle ne soit pas baptisée, je dirai qu’elle est très … religieuse). Nous sommes donc retournés voir dom Jaime, via les jeunes femmes de l’accueil. Il se montra très satisfait, nous prit par le bras et nous entraîna dans la cathédrale. Là, il nous installa à côté du lutrin… ! Emotion ! Le moment venu, on me fit signe et, devant le lutrin, je lus ma prière en français devant la foule des fidèles. Les premiers mots furent dits d’une voix mal assurée mais très vite une sorte de profonde confiance m’a fait trouver une diction lente et énergique… Je n’oublierai jamais ces instants. A la fin, l’archevêque me fit signe d’aller vers lui, il m’a remercié pour la qualité de ma participation à la messe. Je l’ai salué très maladroitement, car j’étais très surpris et intimidé ! A la fin de la messe, il est revenu vers nous pour renouveler ses propos aimables ! Grand moment !


contacter Jacques et Juliette

La prière de Jacques à Compostelle le 16 novembre 1999


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Le calvaire du mont Sainte-Hélène
Saint-Pierre-es-Champs (Oise)

Apôtre saint Jacques, nous sommes deux pèlerins parmi d’autres, venus de France. Nous voulons dire notre reconnaissance et notre joie d’avoir pu parcourir le camino jusqu’à Santiago. Tant de gens n’ont pas le moyen physique de le faire.
C’est émerveillés et remplis d’énergie que nous arrivons ici. Nous allons repartir dans différentes directions, retrouver notre quotidien habituel. Nous avons rencontré, en chemin, fraternité et générosité. Nous rentrons transformés par cette expérience. La joie intérieure connue durant notre pérégrination, je prie pour qu’elle soit communicable. Le long du chemin, j’ai souvent de mandé au Seigneur qu’il nous sauve de la désespérance devant les forces brutales en action à travers le monde.
Que nous soyons toujours plus nombreux à développer la faculté d’émerveillement et la simplicité qui conduisent à la rencontre du Divin.
Que cette énergie renouvelée alimente notre compassion et la rende toujours plus active autour de nous,
Qu’elle ne nous quitte pas devant les épreuves de la maladie et de la mort, afin que nous puissions soutenir amis et proches, et que nous-mêmes, nous donnions l’exemple de la Sérénité et de l’Espérance.



[1] La sphère est le globe terrestre, ou la perle ; le navire est, à volonté, l’arbre à pommes planté sur son cœur, ou un coquiller avec sa mâture. Le personnage en surplomb désigne ce bel ensemble en tendant une clef qui évoque saint Pierre, patron de la ville. Synthèse de tous les conteurs et imageurs, il porte dans sa besace un ensemble hétéroclite suggérant la fantaisie des contes. De sa bouche s’échappe la parole. Cette devise « Vois l’ombre, tu trouves la lumière ». écrite en breton et en français , accompagne un cadran solaire qui relie le temps réel au temps du merveilleux. La porte renvoie à la clef et au personnage. Elle signe le mystère de l’ensemble.
[2]Sur Le Mont Sainte-Hélène (réserve naturelle volontaire), à Saint-Pierre-ès-Champs (Oise, ar. Beauvais, c. Le Coudray-Saint-Germer), à l’entrée du Pays de Bray. Sur cette même colline, Jacques et Juliette Damville ont également réalisé une stèle au-dessus de la tombe d’un ermite, Jean Sacy, assassiné là en 1700, une table d’orientation et un itinéraire décrivant la faune et la flore. Cet ensemble d’œuvres en céramique mérite le détour.


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