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Accueil mise à jour le 9 septembre, 2005 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente

LA HALTE DES PELERINS ou
LE COMBAT DE FORTUNE ET DE PAUVRETE
Une œuvre historique conçue comme un pèlerinage dans le temps

Une très belle image de Halte de pèlerins illustre le folio 81 d’un manuscrit [1] présenté récemment à l’exposition Fouquet à la Bibliothèque Nationale de France à Paris. Ce manuscrit est la traduction française d’une œuvre de Boccace, Du cas des nobles hommes et femmes malheureux. Il a été enluminé par l’un des fils de Fouquet, vers 1460-1465.
Boccace, humaniste florentin (1313-1375), a raconté dans ce manuscrit les malheurs d’une centaine d’hommes et femmes célèbres, depuis Adam et Eve jusqu’au roi de France Jean le Bon, prisonnier des Anglais au début de la guerre de Cent Ans.
L’œuvre comprend neuf livres. Boccace l’a composée comme un pèlerinage dans le temps, marchant de malheur en malheur comme les pèlerins vont d’étape en étape. A la fin du deuxième livre, fatigué, il fait une pause et, comme tous les pèlerins et voyageurs qui, après une longue route, revoient en pensée tout le chemin déjà parcouru, il s’interroge. Pourquoi la fortune est-elle si instable pour tous ces hommes nobles et célèbres à qui tout semblait devoir sourire ? Cette pause se prolonge pendant tout le premier chapitre du troisième livre. De même que les pèlerins et voyageurs continuent, après la pause, leur chemin, Boccace reprend, au chapitre suivant, le cours de son récit.

L’ancien maître de l’auteur, Andalus, pensait que le malheur ne vient pas par hasard, que l’homme le cherche, et il illustrait sa démonstration d’une fable que raconte Boccace : le combat de Fortune et de Pauvreté. Fortune rencontre un jour Pauvreté, et se moque d’elle si fort que Pauvreté se fâche. Après une longue dispute, elles décident de se battre dans une lutte à mains nues, chacune pensant être la plus forte ; Il est entendu que celle qui gagnera imposera sa loi à l’autre. Pauvreté a très vite la victoire ; Elle demande alors à Fortune d’attacher Malheur à une colonne et de ne le laisser partir qu’avec celui qui viendra le détacher ; En revanche, Fortune pourra envoyer Bonheur chez qui elle voudra. Fortune depuis obéit à cette loi.

Dans un paysage idyllique, à côté des pèlerins qui font halte près d’une fontaine, on assiste à la lutte de Fortune et Pauvreté ; la roue de Fortune est abandonnée un moment à droite. Au second plan, Pauvreté lie Fortune à une colonne ; l’enlumineur a peut-être lu un peu rapidement le texte puisque c’est Malheur qui devrait y être attaché par Fortune, conformément aux ordres de Pauvreté.


 

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Trancription du texte du premier chapitre du troisième livre :
« Le premier chapitre du Tiers Livre contient le débat de Povreté et de Fortune ou latin consuevere et cetera.
Pelerins et autres voyageurs qui font aucun long et laborieux chemin ont de coustume soy arrester et a l’une des fois torcher la sueur de leurs visaiges et à l’autre des fois mettre jus (bas) les fardeaulx pour aléger le corps. Et autre fois prendre le vent froit et souef et boire ou vin ou eaue pour appaiser la soif. Et si ont de coustume pelerins et voyageurs de veoir et abuter (compter) combien de chemin ils ont fait, apres ce qu’ils ont tourné les dos à aucun notable lieu dont ils se sont partis, ils recordent (se souviennent) entre eulx le nombre et les noms des chasteaux, des rivieres, des vales, des montagnes et des mers qu’ils ont passes. Et quant ils rabatent (soustraient) de tout leur chemin ce qui en est ja fait, ils prennent en leurs cuers forces et allégresse plus qu’ils n’en avoient pour acomplir le remenant du labour et du chemin.

(Ne croirait-t-on entendre les conversations des pèlerins quand ils se retrouvent au gîte : on souffle, on pose son sac, on boit. Et on commence à mesurer le chemin parcouru, on se remémore les noms des lieux traversés, on compte le chemin qui reste à faire. Les forces reviennent… Rien n’a changé depuis le Moyen Age…)

Quant doncques je reverchoie en mon cuer les cas des maleureux nobles dont par avant j’ay comptees les ystoires, je me commençay a tres grandement merveiller, et mis ensemble tous ceulx dont j’avoye compté les maleureux cas, et par espécial je me esmerveillay par quelles manieres par quelles voyes et par quelles causes soient cheus du hault au bas les nobles hommes que j’ay compté cy devant et qui ont esté rués jus (mis bas) par Fortune. Pourtant il me semble ne scay se je suis déceu que les nobles maleureux dont j’ay compté les cas ont esté rués jus parce qu’ils avoient accenné (appelé) Dame Fortune contre eulx meismes, ainsi comme le sont presques tous ceulx qui cheent par Fortune. Et par ce, j’ay esprouvé que braye (claire) est la sentence d’une fable que jadis j’ay oui compter en jeunesse, et dont il me souvient. Et pour ce qu’il me semble que cette fable fait assez proprement a ma présente intention, je la compteray de bon et alegre couraige tandis que nous reposerons la fin de notre second livre.

 

Pour lors que j’estoye jeune escolier estudiant a Naples soubs ung maistre en astronomie appelé Andalus Dunoir qui lors estoit homme noble en science et honnorable en meurs et né de la cité de Gennes et qui, en publicques écoles, enseignoyt les mouvements du ciel et les cours et influences des estoiles et planetes, je, par ung jour, apperceu une conclusion entre celles qui lisoit qui fut telle : le ciel et les estoiles ne sont point à blasmer pour les males fortunes qui adviennent a l’homme puisque l’homme qui est cheu du hault au bas ait procuré et quis (chercher, désirer) le cas de sa male fortune. Sitot que Andalus ouyt ceste parolle, il qui estoit homme hatif, combien qu’il fut ja vieil respondit d’ung visaige joyeulx : Certes, dist-il je vueil prouver ceste conclusion par une fable tres ancienne. Et de fait, aucun siens escoliers et je mesmes priasmes et requismes le dit Andalus qu’il nous racontast cette fable, et il, comme paisible et de douce nature commença par ung langaige gracieulx et sagement composé, ainsi comme cy apres s’en suyt.

 

Povreté d’aventure se seoit au bout d’ung chemin fourchu en trois sentiers et estoyt affublee d’une coste pertuisee en cent lieux. Elle avoit les sourcils rebourciez comme elle a coustume et bien sembloit femme mélancolieuse et pensive a plusieurs choses. Or advint que a ceste mesme heure Fortune qui par illec passoyt, getta ses yeulx en regardant Povreté, et en riant passoit oultre son chemin. Adonc Povreté se leva contre Fortune et luy monstra moult rude et aspre chiere (visage) en disant telles parolles : « Dy moy, sote Fortune pourquoy riois-tu quant nagueres tu passois par devant moy ? » Fortune qui eut la chiere et la parolle doulce et assez souesve respondit à Povreté : « Je ris pour toy et non pour aultre cause, car je te vois chestive et maisgre, plaine de durillons, rongneuse et pale, qui ne es couvertes que a moitié d’une flessoie faicte de tenues pallete aulx, tes joues semblent estre à moitié rongees tant sont maigres. Tu dechasses les amitiés de tous les lieux ou tu entres, et si het (haïr) chascun toy et les tiens, tu fais abboyer les chiens par tous les lieulx ou tu entres. Et aussi te ris pour toy qui maintenant demoures en ung lieu solitaire quant tu es aguillonnee de la plus grant disette que tu puisses avoir ». Povreté forment (fortement) fut courroucee pour les parolles que Fortune luy dit, et tant que Povreté a peine se restraingnit de batre tres bien Fortune, et finablement elle luy respondit ainsi : « Voici Fortune qui ainsi me laidenges (raille), se tu veulx maintenir que je soye en l’estat ou je suis par ton pourchas je m’en deffendray par raison ou par voye de fait, car certes je ne suis pas venue en l’estat ou je suis par ton pouchas ; Ainsi suis icy par ma franche (libre) voullonté. Mais laissons de enquérir la cause pourquoy je suys ainsi et parlons par escoth (chacun à son tour), combien que tu ayes le cuyr (cuir) remply et mol par force de chair et de graisse, et ja soyt que tu ayes la coulleur vermeille et riche robe de pourpre et grant troppeau de chambrieres, si esprouveray-je mes forces se tu veulx avecques toi en faict de luycte ».
Puysque Fortune eut cesse de soy gabber et rire de l’estat de Povreté, elle lui dit ainsi : « Voyez dit-elle comment ceste meschante femme Povreté a le couraige obstiné et orgueilleux, car je l’ay ramenee à mendicité et a truandise, qui est le dernier et le plus vif état de toutes gens. Et touteffoys, je n’ay peu encores assez abesser son orgueil. Si te jure et promets, hideuse Povreté qui ressembles une ymaige de sépulcre, que se tu ne refrains (modere) ta parole, je te feray descendre en la parfonde abysme avec ton orgueil ».
Apres ce que Fortune eut ainsi parlé, Povreté print en soy ung pou de joye et leesse et dit telles parolles : « Si je me combats ou luycte contre Fortune, j’ai déjà une grant partie de la victoire, car ceste jangleresse (bavarde) est troublee et meue en couraige, et pourtant je dis derechief que se tu par adventure cuides que je voises (user de ruse) par flateries, affin que je te adoulcisse envers moy, je te responds que tu mens et se te mens c’est, selon ta coustume si tu replicque quoncques tu ne me abessas. Car, malgré toy, j’ay renoncé a toutes choses mondaines de mon plain gré. Je estoye serve a toy avant que je renonçasse aux choses de ce monde, mais apres ce que je les ay renoncés, je suis devenue franche, je suis hors de tes lats, pourtant que j’ay délaissé tes dons et tes richesses, et cuidoye que tu me eusses plongé et abbatu au parfont de la terre, mais tu me efleuas en hault sans ce que tu en sceusses riens. Pour ce celluy qui n’a ne veult avoir tes dons ne tes richesses, il eslieue sa pensee en considérant les haultes choses auxquelles jamais il ne se donneroit s’il servoit a tes richesses mondaines. Tu dois gecter tes menaces aux roys, princes qui quierent (chercher, désirer) a grant douleur les biens transitoires que tu donnes et les gardent en paour, et si ont grant doulleur a les prendre et laisser. Combien que j’ay le cuir vuide de chair et de sang, néantmoins j’ay en moy si grant force de couraige et si grand hardiesse que non pas seullement je ne tiens compte de tes menaces, mais je cuide que je te abbatray jus a terre se tu commances luycter avec moy ».
Fortune a donc, mal paciente et courroucee des parolles que Povreté luy eut dictés, respondit en telle maniere : « O Povreté, orde (ignoble) chose et la plus vile et infame des autres, pense-tu que je esprouve mes forces en luictant avec toy ? se je te happe du petit doy de ma main, je te jetteray en tournoyant oultre les montaignes Riphees, qui sont a l’entree d’Allemaigne, par devers septentrion et aussi se tu parles plus contre moy ».
Et a donc Povreté lui dist : « Je te prye, Fortune, use de bonnes parolles avec moy, je croy assez que tu faces grans et notables choses, et je qui estoie joyeuse et seure (confiante) ay souvent veu les choses que tu comptes, c’est a savoir que tu abatoyes a terre les geans, et si desmettoyes les empereurs et les roys, mais oncques pourtant je n’ay eu doubte ne paour de toy. Mais toutes villennies et vantises délaissees, dy moy se tu veulx esprouver avec moy le faict de luicté dont je te avoye parlé et ne soyes envers moy desdaigneuse pourtant se tu froisse et abats jus les empereurs et roys, car je fus nourrice de l’empereur de Rome, et si tu n’estoye vestue ne couverte de meilleurs vestemens que je suys de présent ».
Fortune a donc presque désespéree respondit ainsi a Povreté : « Certes, ceste femmelette par son orgueil et oultrecuydance me fera enraiger se je ne luy monstre combien ce soyt grant chose de moy courroucer. Dy moy Povreté, noble nourrice de l’empereur de Rome, je viens ja toute preste a luycter contre toy. Dy moy, Ô, noble Hercules, par quelle maniere de bataille veulx-tu monstrer ceste force et hardiesse que tu as ? »
Et Povreté promptement respondit a Fortune : « Je n’ay escu, ne lance, ne heaulme, ne haulbergon, ne cheval pour combattre avec toy, mais se tu veulx, je venray vuyde et despechee (sans rien), et a pied je luycteray sur terre plaine. Et en nostre luycte sera mise une condition, c’est a savoir que celle de nous deux qui sera vainqueresse, mettra telle loy comme elle aymera mieulx a celle qui demourra vaincue ».
A donc, Fortune, oyant ces parolles commença un pou a rire et dit : « Certainement Povreté, je scay que pour luycter contre moy, tu viendras vuyde et despechee, car tu as ja pieça (depuis longtemps) fait tes maulvais habits. Mais je congnoys assez que tu ne les as mie laissees en garde es mains d’un loyal hostellier. Mais dy moy, Povreté, quels chevaliers seront regardeurs de nostre bataille et quels juges aurons-nous pour congnoitre et juger a qui appartendra la victoire, et pour ce que tu as dit que nous ferons nos armes sous la condition de la loy dessus dicte ? Je, en oultre, te demande ou quels hostaiges, ou quels plaiges (celui qui se porte garant) me donnera tu de payer les amandes, ou les peines se tu enfraingnoys la condition de la loy qui sera mise entre toy et moy ? Car tu ne as homme qui pour toy soyt pleige (celui qui se porte garant) ne ostaige, et si n’as aulcune loy. Car puisque tu n’as riens et ne veulx riens avoir, tu es franche (libre) et exempte de toute loy, se tu enchees (tombes) en l’amende ou en la peine qui sera mise. Je te osteray se je vueil les richesses du royaulme daire ou le royaulme du grant roy Alexandre de Macédoine, ou je condempneray par ung bannissement comme tu soyes assez meschant sans payer aulcune amende et sans estre bannye. Aussi dy-moi quels garens me donneras tu de garder celle loy comme tu soyes si meschant et si vile que tu ne as aulcun amy ne parent ».
A donc Povreté respondit : « Tu cuydes ja Fortune obtenir la victoire, et encore ne es-tu vaincqueresse. Mais je qui scay de certain que a moy adviendra la victoire, je ne te demande ne hostaiges ne pleiges, ne aultre chose en ce lieu fors que tu me donnes ta foy, combien qu’elle soyt tres petite ou nulle, mais souffire doitbt se je te baille moy mesmes enchainee a tenir ferme prison puysque je n’ayl aultre chose que moy mesme ».
Fortune adonc rist plus fort que devant et dist Povreté : « Se doncques je te vaincqueroye en bataille ou en luycte il convien droit que je te menasse en triomphe devant mon chariot, et je te garderoye a toy ainsi avoir, fors que a mes despens, car tu saoulleroyes ton ventre qui meurt de faim, et si je rempliroyes ta peau qui est vuyde de chair et de sang. Je ay usé avec toy d’ung grant tas de parolles, et si ne scay pourquoy, mais pis auras car je te feray escorcher par le grant chien Orchus apres que je te auray vaincue et occye ».
A donc Fortune se eslance en courant sus a Povreté, affin qu’elle luy mist la main sur la teste et qu’elle l’abbatist jusques au millieu de la terre, mais Povreté comme apperte et despeschee des membres print et embrassa Fortune a bon bras et la tourna et revira longuement en l’air, tant que pour la graisse d’elle celle fut estourdye et finablement elle fut acravantee et cheut toute pasmee a terre. Povreté doncques, qui eust le genoil agu, foulla la poictrine de Fortune, et luy mist l’ung de ses pieds sur la gorge et luy serra forment (fortement). Povreté se porta si vigoureusement qu’elle ne laissa Fortune reprendre son alaine, combien que elle se efforçast de soy lever dessus jusques a ce que elle confessa que elle estoit vaincue et abatue a terre et du tout desconfite et qu’elle afferma par foy et serment qu’elle garderoyt bien et entierement la loy qui luy seroit donnee. Apres cette luycte, Povreté qui eust desconfit Fortune se leva en pieds, et par courtoisie elle souffrit que Fortune se resposast ung peu, et puis lui dist : « Tu voys maintenant Fortune par vraye expérience quelle soyt ma force et combien je suis puissante contre toy. Si te prie que doresenavant quant tu verras aulcune part que tu te riez et te mocques de moy plus cautemant que ne feiz nagueres ou sinon tu seras bastue et chastiee comme tu as esté.
Et ainsi comme tu as approvue ma force et mon pouvoir aussi vueil-je que tu esprouves combien je soye débonnaire envers toy combien que tu ne ayes pas desservi ma débonnaireté ne la doulceur de moy, et saiches que avant que je luictasse contre toy je avoye entencion se je te desconfioye a luycte ou aultrement que je froisseroye la roe (roue) et la puissance par quoy tu te joues des estats de ce monde, et que je te osteroye toute dignité et office. Mais te ay pitié et mercy de toy, et vueil seullement que tu gardes la loy telle comme je la mectray. Car puisque il a semblé a la folle oppinion des poetes et philosophes anciens que les dieux ayent mys en ta franche (libre) voulenté le bonheur et le malheur, je vueil oster la moytié de ta seigneurerie qui me semble si grant que plus ne pourroit estre.
Si, te commande Fortune que en aulcun lieu publicque et tel que chascun puysse veoir tu lyes et attaiches Malheur a une coulonne, ou a ung fort pieu, affin que doresenavant Malheur ne puysse entrer en l’hostel de quelconque personne, et que Malheur aussi ne puisse partir de la coulonne ou du pieu, sinon avec celluy qui le destaichera ; Mais je vueil que tu puisse envoyer le bonheur en l’hostel de quiconcques tu vouldras, et apres ce que tu auras parfait et accomply ceste loy et ceste condicion, je vueil que tu soyes franche et hors de mon pouvoir ».
Or escoute icy dire une chose véritable et qui est merveilleuse, car les anciens dient que Fortune garda sa foy et acomplit sa promesse a Povreté, et oncques mais ne l’avoit fit paravant, et si ne seust point faict ou temps advenir se ne feust ceste condicion de la loy que Povreté luy meist, car Fortune ne laissa Malheur attaiché a ung pieu pour ceulx seullement qui apres le deslyeroient.
Je oresendroit retourneray a vous mes tres bons jouvenceaulx escoliers et selon mes parolles, vous pouvez moult bien appercevoir la conclusion que paravant vous comme saiges deistes (disent), car elle est assez esprouvee l’ancienne fable que je vous ay comptee, et ceulx qui l’ouyrent compter la réputerent notable et sollennelle et en firent joye et feste, et aussi je pense que elle soit aggréable et plaisante se nous voullons veoir et considérer, es yeulx de nostre entendement, les manieres des hommes et les jugements de Dieu. Ceulx doncques qui du pieu ont deslié Malheur, crient et pleurent se fort a l’endviron de moy que ils me font retourner au labeur de compter et escrire leur cas. »

Un conte moral propre à faire réfléchir les pèlerins sur la route :
et si nos malheurs ne dépendaient que de nous ? Pas tous hélas, mais…

[1]   Munich Bayerische Staats-bibliotek, Cod.gall. 6

Janine Michel, Nov. 2003

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