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Mary Sainsous, membre de la Fondation présente ainsi les
objets de piété domestique
portant une image de saint Jacques. " Ils sont le support d’une religiosité du
quotidien
et
témoignent
de
pratiques
individuelles ou familiales. La présence symbolique du saint par sa représentation
a une vertu protectrice. Le support peut aussi bien être un souvenir de pèlerinage
jacquaire (médaille, enseigne, chapelet), une image pieuse (peinture, gravure),
une statuette (faïence ou jais) ou des objets à usage décoratif (assiettes,
bouteilles, plats). Le XVIIIe siècle connaît la grande vogue des assiettes et
faïences patronymiques, qui associent directement le nom du propriétaire à l’image
de son saint patron. L’iconographie est inspirée de l’imagerie populaire et le
saint est aisément identifiable (costume de pèlerin, coquille, bourdon, chapeau,
calebasse)".
L'article qui suit, sur les faïences, est du à André Supiot.
La représentation de saint Jacques sur les faïences patronymiquesOn a longtemps classé les faïences patronymiques (enn
grande majorité desassiettes et des saladiers) dans la catégorie des « faïences
parlantes » c’est-à-dire des céramiques sur lesquelles
le peintre a porté une inscription. Leur origine est liée à la
statuaire religieuse du XVIIe siècle et leur développement, à partir
des années 1730 jusque vers 1830 doit beaucoup et à l’expansion économique
du XVIIIe siècle. Elles se caractérisent le plus souvent par la
représentation sur l’émail du saint patron du propriétaire
avec l’indication de son prénom, de son nom, de la date de fabrication
(souvent postérieure d’une année à l’événement)
et parfois de sa profession. Elles étaient commandées pour célébrer
un événement familial (le plus souvent un mariage) ou corporatif
(une accession à la maîtrise par exemple) et pour obtenir une sainte
protection. Elles provenaient essentiellement du centre de production de
Nevers. Dans le décor habituel, sur un vaisselier, elles
apportaient une touche colorée et rappelaient à tout moment un événement
heureux. Dès le début du XIXe siècle, elles ont quitté les
maisons familiales lors de la disparition des héritiers directs. Elles
ont commencé à être collectionnées dans les dernières
décennies du XIXe siècle par les défenseurs de la faïence « populaire »,
comme les Républicains Champfleury et Fieffé, auteur de la première étude
sur le sujet parue en 1901. Une assiette polychrome marquée « Je quitte Chalotte - Jean Faveroux 1785 » | |
Sur cette assiette sont peints saint Jacques en pèlerin
(au-dessus de « je
quitte Chalotte ») et saint Jean-Baptiste (au-dessus de « Jean Faveroux »).
Habituellement, ce type d’assiette présente les saints patrons des
personnes dont les noms sont cités. Mais ici l’inscription est énigmatique.
Est-elle une phrase annonçant le départ de Jean Faveroux pour Compostelle
? Auquel cas, qui est Chalotte ? | |
Les jeunes époux résidaient à Saint-Clément-des-Levées.
Leur premier enfant fut Marie Favereau née le 21 février 1786 et
baptisée le lendemain en l’absence de son père. Une assiette en camaïeu bleu marquée « Jacques Cretai – Marie Trotos femme de Jacques Cretai 1765 » | |
Cette assiette a été probablement offerte pour l’anniversaire
du mariage de Jacques Cartrais et de Marie Trotereau qui fut célébré le
22 novembre 1758 dans la paroisse de la Sainte-Trinité d’Angers[2].
Elle formait une paire avec une assiette identique marquée « Julien
Pinaut – Julienne Trotos femme de Julien Pinaut 1765 » pour un
mariage célébré le 21 novembre 1742[3]. Les deux épouses étaient
sœurs. Le premier couple résidait à Montrelais
(Loire-Atlantique) et le second couple à Ingrandes-sur-Loire (Maine-et-Loire)[4].
Ces communes limitrophes étaient situées à la frontière
entre la Bretagne et l’Anjou, lieu stratégique de la contrebande
du sel. | |
Les deux époux étaient « voituriers
par eau » mais
Jacques Cartrais était spécialisé dans le transport du
sel. Ce sel assujetti à un impôt (la gabelle) était pris
en charge à Nantes pour être remonté vers l’amont
par bateau vers les greniers à sel de la Ferme des gabelles pour être
vendu. Le contrôle réalisé à la hauteur d’Ingrandes-sur-Loire était
très strict. Dans son excellent ouvrage Bateliers – Contrebandiers
du sel (Editions Ouest-France 1999), Françoise
de Person, grande spécialiste
de la marine de Loire, cite à plusieurs reprises Jacques Cretai (sic) « voiturier
des sels » de Montrelais à l’occasion de ses démêlés
avec la Ferme et ses gabelous. Par exemple, au début de 1770 à Cosne-sur-Loire
(Nièvre), il fut accusé d’avoir coulé volontairement
ses bateaux après avoir vendu illégalement le sel transporté.
Il fut disculpé. Une bouteille à la Loire ... | |
Un magnifique saladier polychrome, daté 1790, fut vendu à Drouot le 4 avril 1984, appartenant à une collection privée[5]. Il est marqué « Jacque Robinos » (surmonté de saint Jacques en pèlerin) et « Anne Robinos » (surmontée de sainte Anne et Marie enfant). Il représente une flottille de bateaux près du pont de Nevers avec, dans le fond, une vue cavalière de la ville. Dans le ciel, une volée d’oiseaux et un soleil bienfaisant. Les bateliers s’apprêtent à partir, un dernier canot chargé d’hommes vient de quitter le quai. En 1790, le pont actuel était en construction depuis 20 ans ; le plat montre la partie déjà terminée. La chapelle doit être Notre-Dame du pont de Loire, vis-à-vis de laquelle a été plantée, en 1727, la « croix des pèlerins » offerte en 1682 par la confrérie Saint-Jacques (celle qui est aujourd’hui à l’intersection des rues Colbert et P. Vaillant-Couturier). Un défi à relever : qui retrouvera son histoire ? Est-elle
liée au fait que saint Jacques était le patron des marchands
fréquentant la rivière de Loire et les affluents descendant
en icelle, dont le siège était à Orléans
depuis le XVe siècle ? André Supiot
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[1] Il existe par ailleurs deux assiettes faites pour ce Jacques Huet portant l’inscription « mr uete qure du tufeau / 1790, mais leur décor est celui d’un prêtre dans l’exercice de ses fonctions, et non pas celui de son saint patron (1/ Musée J. Déchelette, Roanne, inv. 988 10 365, publiée in Nevers 1987, n° 299 ; Bonnet, coll. Heitschel n° 250 ; Moinet 1989, p. 144 n°266 ; Villiers-St-Benoît 1992, 72 p. 26. 2/ anc coll. H. Ferrier à Prémery, vente Papillon 1919 ; publiée in Nevers 1937 (exposition rétrospective de la céramique nivernaise), puis vente Me. Le Roux, Hôtel Drouot, 07 612 1988, n°152, et Gagny 1989, coll. Sestié, p. 58 n°145. D’autre part on connaît une assiette au nom de louis Faveroux margueritte sausée / 1780, sans doute parents de Jean Favereau (vente Me Sabourin, Châtellerault, 11-11 02 n°345, coll. Chavaillon Bibliographie :
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