Accueil mise à jour le 9 septembre, 2005 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente
 

SOYONS COHERENTS !

Avez-vous trouvé un fil conducteur à la Lettre de Saint Jacques ? Le texte, en effet, paraît décousu, sans plan d’ensemble. Il est constitué de maximes, davantage juxtaposées que liées, sur des thèmes récurrents : la constance dans l’épreuve, les riches, la langue. Il est possible cependant de dégager une ligne directrice de ces exhortations disparates. Je propose celle-ci : la COHERENCE. Cohérence entre le croire et l’agir, entre la foi revendiquée et la conduite vécue. L’auteur utilise le mot de « probité » ou d’ «  honnêteté » (1, 4), antithèse de « duplicité » (1, 4 et 4, 8). Le croyant chrétien authentique ne peut être « une âme partagée ».

Cette cohérence fondamentale entre la foi et les oeuvres, Saint Jacques l’exprime en des formules incisives :

-          « Mettez la Parole en pratique » (Loi de Liberté, condition du Bonheur) (1, 22-24)

-          « La vrai religion consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves » (1, 27)

-          « La Loi royale de l’Ecriture c’est : tu aimeras ton prochain comme toi-même » (2, 8)

Et tout le passage 2, 14-26 qui est au coeur de la lettre :

-          « A quoi cela sert-il de dire : j’ai la foi, si on n’a pas les oeuvres ? » (2, 14)

-          « La foi, si elle n’a pas les oeuvres, est tout à fait morte. » (2, 17)

-          « Montre-moi ta foi sans les œuvres ! Moi, c’est par les œuvres que te montrerai ma foi. » (2, 18)

-          « La foi sans les œuvres est stérile. » (2, 20)

-          « C’est par les œuvres que l’homme est justifié  (sauvé) et non par la foi seule. » (2, 24)

-          « Comme le corps sans l’âme est mort, la foi sans les œuvres est morte. » (2, 26)

Difficile d’être plus percutant et insistant en si peu de lignes ! Surtout quand ces affirmations s’illustrent d’exemples tels qu’Abraham, qui vient du polythéisme ; Rahab, païenne et prostituée ; Job, étranger au Peuple des Croyants !

Provocation de la part de l’auteur ? Non. Jésus n’a-t-il pas proposé comme modèle de foi en sa personne le centurion romain et la syro-phénicienne ? N’a-t-il pas proféré cette parole scandaleuse aux oreilles des bonnes âmes : « Les prostituées vous précéderont dans le Royaume de Dieu » ? N’a-t-il pas fustigé les pseudo croyants : « Faites ce qu’ils disent mais ne faites pas ce qu’ils font. » ? N’a-t-il pas affirmé : « Ce n’est pas en me disant : Seigneur ! Seigneur ! qu’on entrera au Royaume des Cieux mais en faisant la volonté de mon Père. » ? Cette mise en garde conclut le Sermon sur la Montagne (Mt 5-7) et provoque l’étonnement des auditeurs. N’a-t-il pas promis d’ouvrir son Royaume à tous , non sur des critères de croyances ou de pratiques religieuses mais sur des critères d’action  en faveur des autres dans le besoin ? Relisez Mt 25, 31-45 qui, pour moi, est l’un (sinon LE texte) des textes les plus déstabilisants et les plus rassurants à la fois pour tout homme, croyant, mal croyant ou incroyant !

SOYONS COHERENTS ! Cette cohérence entre le foi et les actes doit se vérifier dans le concret. Je relève, dans la Lettre, 4 champs d’application :

1-       Puisque le Seigneur a dit : « Heureux êtes-vous si vous avez à souffrir à cause de moi » ; « Ne craignez pas. Je suis avec vous tous les jours… » ; « Encore un peu de temps et vous me reverrez. »…montre-vous donc patients et solidaires dans les épreuves ! Voilà la vraie sagesse ! (1, 2-4 ; 5, 7-20)

2-       Puisque le Seigneur a dit : « Heureux les pauvres…Malheureux les riches… » ; « On ne peut servir Dieu et l’argent »…pourquoi méprisez-vous les pauvres ? Pourquoi aspirez-vous à la richesse ? Pourquoi vous laissez-vous éblouir par l’apparat, la réussite matérielle ? (1, 9-11 ; 2, 1-7 ; 4, 13-17)

3-       Puisque le Seigneur a dit : « Celui qui s’emporte contre son frère, le traitant de crétin ou de fou, est condamnable », maîtrisez donc votre langue ! (1, 19-21,26 ; 3, 1-12 ; 4, 11-12 ; 5, 12)

4-       Puisque le Seigneur a dit : « Heureux ceux qui font la paix…Heureux ceux qui pardonnent »… pourquoi vos rapports sont-ils empreints de jalousie, d’esprit de chicane (3, 13-18), de suffisance (4, 4-10), de convoitise, source de tous les maux (4, 1-3) ?

Finalement, la Lettre de Saint Jacques ne serait-elle pas un commentaire concret de la béatitude : « Heureux les cœurs purs ! Ils verront Dieu » ? « Les cœurs purs » : rien à voir avec la sexualité ! Dans la Bible, le cœur c’est la conscience, le centre des choix personnels, décisifs de l’existence. «Pur » signifie sans mélange, sans partage, sans compromission, droit, cohérent… « Ils verront Dieu » : voir Dieu, n’est-ce pas l’aspiration finale de tout croyant ? « Nous savons que nous lui serons semblables parce que nous le verrons tel qu’Il est. » (1 Jn 3, 2)

Pour continuer notre compagnonnage avec Saint Jacques…

Revenez un instant au premier envoi : le tableau sur la communication…Vous constatez que j’ai traité jusqu’à présent du point central, le référent, c’est à dire du contenu de la Lettre…Il y aurait d’autres aspects à présenter, en particulier, l’opposition qu’on a cru voir entre Saint Paul  et Saint Jacques au sujet du rôle de la foi . et des œuvres dans le Salut…Fausse querelle, en fait ! Une bonne lecture des lettres de Saint Paul prouve qu’il est en parfait accord avec Saint Jacques comme avec Saint Jean, comme avec Saint Pierre, comme avec l’Evangile du Christ surtout ! … Restera à identifier l’émetteur (l’auteur) de la Lettre et ses récepteurs (ses destinataires)…Lancez-vous sur leur piste…Menez l’enquête…A bientôt !

Suite de la présentation de l'Epître

Henri Rivoalen

La propriété intellectuelle du contenu de ce site est protégée par un dépôt à la Société des Gens de Lettres

Page précédente haut de page Accueil

nous écrire