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Le premier guide allemand du pèlerinage à Saint-Jacques
le Wallfahrtsbuch de Hermann Künig
Léon MARQUET, art. préparé pour Campus Stellae, n°2, 1991


CHANT DES PELERINS

DE SAINT-JACQUES

XVe siècle

S

Si quelqu' un veut gagner l'étranger,
Qu'il se lève, il sera mon compagnon
Sur les chemins qui mènent à Saint-Jacques.
Il lui faudra deux paires de chaussures
Ainsi qu'une écuelle en plus de sa gourde.

Il lui faut aussi un large chapeau
Et il ne pourra aller sans manteau,
Une pelisse bien garnie de fourrure,
Afin que l'air ne le mouille jamais,
Qu'il neige ou pleuve ou qu'il vente très fort.

La besace et le bourdon s'y ajoutent.
Il veillera à être confessé,
Et à avoir fait pénitence,
Car une fois dans les pays romans,
Il ne trouvera pas de prêtre allemand.

Il ne trouvera pas de prêtre allemand,
Il ne saura pas où aller mourir
Ni où faire reposer son cadavre.
S'il meurt quand il est en pays roman,
On l'enterrera au bord du chemin.

Ainsi passerons-nous le pays suisse,
On nous y souhaitera la bienvenue
Et on nous donnera à manger,
On nous couchera et couvrira bien chaud,
On nous nous indiquera la voie à suivre.

Et nous traverserons les pays romans
Qui sont inconnus aux gens comme nous,
Puisque ce sont des contrées étrangères.
Nous invoquerons Dieu et saint Jacques,
Et Notre Dame, la Très Sainte Vierge.

Puis nous passerons le pays des pauvres hères,
On ne nous donnera rien que du jus de pomme,
Nous devrons franchir des cols,
Si l'on nous donnait assez de pommes et de poires,
Nous les préférerions aux figues.

Puis nous traverserons la Savoie,
On ne nous y donnera ni pain ni vin,
Nos besaces seront très vides ;
Lorsqu'un jacquet en rencontre un autre,
Il lui donne de bien tristes nouvelles.

Puis nous entrerons dans Pont-Saint-Esprit,
On nous y donnera du pain et du vin,
Et nous vivrons en grande largesse ;
Le Languedoc et l'Espagne,
Nous autres jacquets les louons tous.

Il existe cinq cols en pays roman
Qui sont bien connus des pèlerins :
Le premier s'appelle Roncevaux,
Et le pèlerin qui le passe
Voit ses joues se creuser.

Un autre s'appelle le Monte Castein,
Le col de la Porte doit être son frère,
Ils sont presque identiques l'un à l'autre,
Et le jacquet qui les passe
Mérite le ciel.

Le quatrième est le Rabanel,
Frères et soeurs jacquets y passent très vite.
Ils appellent le cinquième Alle Fabe ,
Là gît maint enfant d'honnête homme
Venu d'un pays allemand.

Le roi d'Espagne, qui porte la couronne,
A construit trois hôpitaux
En l'honneur de saint Jacques
Et si un jacquet y pénètre,
On l'y reçoit poliment et honnêtement.

Mais cela ne convenait pas à un directeur,
Il fit périr trois cent cinquante jacquets.
Dieu ne le laissa pas impuni :
Il fut attaché sur une colonne à Burgos
Et transpercé de flèches acérées.

Le roi était homme de bien,
Il revêtit l'habit de pèlerin,
Pour inspecter son hôpital ;
Il ne voulait pas croire
Les propos des jacquets allemands.

Il entra alors dans l'hôpital,
Et se fit apporter du pain et du vin.
La soupe n'était pas bonne.
"Directeur, mon cher Directeur,
Les pains sont bien trop petits."

Le directeur était coléreux :
"C'est le Malin qui t'a introduit ici,
Voilà qui ne m'étonne pas !
Et si tu n'étais quelqu'un de chez nous,
Je t'occirais comme ces chiens teutons."

Et lorsque vint le soir,
Les jacquets voulant aller dormir,
Le pèlerin voulut dormir seul:
"Directeur, mon cher Directeur,
Les lits ne sont pas bons du tout."

Il donna au pèlerin un tel coup
Que celui-ci fut pris de terreur
Et quitta l'hôpital en hâte.
Quant aux autres jacquets,
Ils rossèrent le directeur.

Lorsque vint le petit matin,
On vit beaucoup d'hommes en armes
Entrer dans l'hôpital
Et s'emparer de l'hôtelier
Comme de tout son personnel.

On l'attacha sur un grand destrier
Et l'emmena à Burgos dans le château.
Là, on le mit aux fers
Voila qui déplut fort
A notre hôtelier.

L'hôtelier avait une fillette,
Qui était une belle coquine.
"Je ne cesse de m'étonner
Que mon très cher père doive mourir
A cause de ces chiens teutons."

Un jacquet l'entendit :
"Voilà qui ne restera pas secret.
J'en ferai vengeance moi-même!"
Et cette même fillette
Fut enterrée sous le gibet.

Pourtant, jacquet, ne t'arrête pas,
Tu as encore quarante lieues à faire
Jusqu'au moutier de saint Jacques
Descends quatorze lieues plus bas
Jusqu'au lieu dit Sombre Etoile .

Laissons la Sombre Etoile
Et entrons à Saint Sauveur,
Voir de grands signes merveilleux.
Puis nous invoquerons Dieu,
Saint Jacques et Notre Dame.

A Saint-Jacques on pardonne fautes et peines,
Que le Bon Dieu nous soit clément à tous
Du haut de son trône suprême ;
Celui qui sert saint Jacques,
Que le Bon Dieu l'en récompense.

 


Références :


1 - Es liegen fünf Perg in webschen Landt, Eine Topographie der Pilgerwege von Deutscland nach Santiago in Spanien aus dem 15ten Jahrhundert. Erdkunde 19 (1965) pp 314-325
2 - Dietz Rüdiger Moser, Die Pilgerlieder der Wallfahrt nach Santiago in Musikalische Volkskunst-aktuell. Festschrift für Ernst Kluser zum 75sten Geburtstag, hg von Gunther Moll und Marianne Blöcker, Bonn 1964, pp 321-325 particulièrement pp 332-335.

Il n'est pas évident de distinguer d'emblée les guides des récits de pèlerinage. Certes les seconds sont censés reposer sur une expérience personnelle tandis que les premiers fournissent des informations, parfois des prescriptions à l'usage d'autrui . En ce qui concerne les récits allemands sur le pèlerinage de Compostelle, il s'agit surtout de relations de voyage accomplis par des chevaliers, par exemple Arnold von Harff et Leo von Rosmithal. Par contre, le livret rédigé par Hermann Künig en 1495 et publié sous le titre : Le pèlerinage et le chemin de Saint-Jacques mérite, d'être appelé un "guide du pèlerin".

Son auteur qui, à la fin de l'ouvrage se désigne lui-même comme servite de Marie, est relativement bien connu. Son appartenance au monastère servite de Vacha sur la Werra, est attestée par deux documents d'archives. En 1479, il est présenté comme "terminaire", c'est-à-dire collecteur d'aumônes, de sa communauté. En 1486, il est noté absent, peut-être jusement pour cause de pèlerinage à Compostelle Par la suite, il ne paraît pas avoir regagné son monastère mais aurait plutôt résidé en pays alémanique.

"On connaît cinq éditions de son livret :
1) celle de 1495, imprimée chez Mathias Hupfuff à Strasbourg;
2) une autre édition strasbourgeoise ;
3) une édition non datée, de Nuremberg ;
4) une autre édition de Nuremberg, imprimée chez Jobst Gutknecht en 1520 ;
5) une édition de Leipzig de 1521.

Quatre des éditions mentionnées sont ornées de gravures sur bois dont les différences ne manquent pas d'intérêt. Tandis que les deux bois de l'édition non datée de Strasbourg et de l'édition de Leipzig montrent des pèlerins en marche, on trouve dans les deux autres des représentations de saint Jacques. L'édition de Nuremberg montre un pèlerin à genoux et priant devant saint Jacques. Il faut noter la présence de la pèlerine, bien faite pour rappeler qu'à la fin du moyen âge, les femmes partaient souvent en pèlerinage. L'image de l'édition strasbourgeoise est particulièrement difficile à interpréter. Saint Jacques se trouve sur un toit (celui d'un temple sans doute), portant un bourdon orné d'une coquille et il est encadré par deux plantes dont la base est ornée d'étoiles. Cela peut rappeler les célèbres représentations de saint Jacques à Toulouse et à Compostelle qui montrent le saint entre deux cyprès."

Ecrit dans une langue simple et dépourvue d'effets littéraires, le guide, dans sa première édition, comporte 648 vers (le colophon, si précieux pour les détails qu'il donne sur son auteur et sur la date de sa rédaction, n'est pas repris dans les éditions ultérieures) . Les cinq éditions successives de 1495 à 1521 indiquent que le livret de Künig a été apprécié par ses compatriotes. Le texte dont les rimes favorisaient la mémorisation a dû être appris par coeur et transmis par voie orale.

L'intention de Hermann Künig est de fournir des informations pratiques sur les aspect géographiques et topographiques, les carrefours importants, les meilleures routes à suivre (celles qui évitent les cols), les distances entre les lieux d'hébergement possibles, les auberges où l'on mange et dort bien et celles qui réservent aux pèlerins de fâcheuses mésaventures. Son information repose très vraisemblablement sur l'expérience et l'observation personnelles, comme en témoignent de nombreux détails, ainsi les noms d'aubergistes et la description précise de carrefours importants. Il signale même qu'en un village du sud de la France, on fabrique des clous pour les chaussures des pèlerins. "Il ne lui paraît pas non plus superflu d'attirer l'attention sur les possibilités d'économiser de l'argent : le passage d'un pont ne présente pas seulement cet avantage, il diminue aussi le risque de se faire escroquer. En outre, l'auteur signale les douanes à acquitter, les "bureaux de change" où il faut se munir des monnaies locales, de même que les hospices et hôpitaux où le pèlerin peut recevoir une "passade"(prebend en allemand), c'est-à-dire une somme d'argent."

Cette attitude très pragmatique s'accompagne d'une certaine insensibilité esthétique à l'égard des monuments rencontrés en cours de route, en même temps que d'une religiosité assez sommaire. Bien qu'au début de son livret, Hermann Künig écrive à propos de la "haute voie" qu'on y rencontre beaucoup de villes saintes , il ne s'attarde pas, contrairement en cela à Aimery Picaud, à faire l'éloge de leurs sanctuaires et des reliques qu'elles abritent. Les seules exceptions sont Toulouse, où il signale qu'on trouve les corps de six apôtres, parmi lesquels saint Jacques, ce qui d'ailleurs ne semble pas le troubler et, sur le chemin du retour (la "basse voie"), Tours où il recommande de prier sur la tombe de saint Martin.

Comme l'écrit Klaus Herbers, le pèlerinage à Compostelle était devenu à la fin du moyen âge une forme générale de la "peregrinatio major" dont le but avoué est d'obtenir "la grâce et l'indulgence de Rome" (v.25). Dans cette perspective, Compostelle et la médiation privilégiée de l'Apôtre saint Jacques tendent à s'atténuer au point de presque disparaître. Par un renversement de l'optique qui était celle du douzième siècle, la dévotion à la Vierge Marie et à sainte Anne, sa mère, passent au premier plan . Ainsi la notion d'une faveur réservée à celui qui paraissait, par certains aspects, le premier des Apôtres, se trouve-t-elle remplacée par une vision de caractère plutôt généalogique. En effet, d'après la Légende dorée, sainte Anne eut trois époux. La Vierge Marie est issue de son premier mariage avec Joachim, tandis que de son troisième mariage avec Salomé naquit une fille, prénommée elle aussi Marie, qui eut avec Zébédée deux fils, saint Jacques le Majeur et saint Jean l'Evangéliste. Ainsi la présence de sainte Anne dans ce contexte, si elle s'explique par le développement de son culte en Allemagne au moyen âge et peut-être plus particulièrement par l'ouvrage de Johannes Trithemius, De laudibus sanctissimae matris Annae, paru à Mayence un an avant le guide de Hermann Künig, n'en souligne pas moins implicitement l'étroite parenté de saint Jacques avec Jésus. Au niveau explicite, cependant, le fait même que Hermann Künig souligne l'achèvement de son livre à la date du 26 juillet, fête de sainte Anne, sans mentionner le moins du monde que c'est le lendemain de la saint Jacques, marque une étrange désaffection à l'égard de celui-ci, une sorte de séparation entre le pèlerinage réel et la vénération du saint dont il porte le nom .

Quant à la description elle-même du chemin, il prend de temps à autre ses distances à l'égard d'Aimery Picaud. Il ne fait pas débuter sa description de la "haute voie" en France, mais à Einsiedeln, lieu du sanctuaire marial bien connu. Il ne mentionne pas le chemin de Saint-Jacques qui passe par Le Puy, que pourtant Aimery Picaud dit fréquenté par les Bourguignons et les Teutons, et ne s'intéresse ni à Saint-Gilles ni à Arles. Pour la traversée des Pyrénées, il préfère la route du col de Cize et Roncevaux à celle du Somport . A Leon, il indique la possibilité d'aller vers le nord pour atteindre Saint-Jacques en passant par l'église San Salvador d'Oviedo, l'ancienne rivale secrète de Compostelle. Après Astorga, il propose deux déviations par rapport à l'itinéraire du douzième siècle : éviter le Rabanal en passant par le nord et ne pas monter par le col du Cebrero, mais le laisser à gauche et gagner Compostelle en passant par Lugo.

Quelque impression que donne parfois Hermann Künig d'avoir fait le trajet lui-même, tant ses précisions sont concrètes, il n'en reste pas moins douteux qu'il ait suivi entièrement la route qu'il préconise. C'est ce que suggère en particulier l'inexactitude des indications concernant la Suisse, la distance de Lucerne à Berne par le col de Brüning qui paraît trop courte, le fait erroné de laisser le mont Pilate à sa droite. Puisqu'il se réfère à des informations savantes au sujet de la légende de Pilate, il y a lieu de penser que cette partie de son guide repose plutôt sur des informations de seconde main.

Au demeurant, la présence sur les lieux est pour notre voyageur l'occasion d'attester la véracité de récits qu'il connaît. Ainsi le "miracle des poules" de Santo Domingo de la Calzada bien connu en Allemagne . Surtout l'histoire du directeur d'hôpital qui aurait empoisonné 350 pèlerins à Burgos où l'on montrait le lieu de son exécution. Cette donnée est particulièrement intéressante, car elle n'est rapportée, semble-t-il, avant Hermann Künig que par le Chant des Pélerins de Saint-Jacques fort célèbre en Allemagne au quinzième et au seizième siècle . Si l'on rapproche ce fait du nom de Alle Fabe ou Allefaber que les deux textes donnent au col du Cebrero à partir du nom de la petite localité de La Fava située en contrebas, il conviendra sans doute de considérer que notre auteur connaissait ce chant et l'a exploité pour rédiger son guide. Afin de permettre au lecteur d'apprécier dans quelle mesure Hermann Künig est tributaire de ce texte qui est, comme on l'a dit, plus un récit de pèlerinage qu'un chant de pèlerins, nous en fournissons ci-contre la traduction.

Ce poème qui esquisse seulement un itinéraire pour aller à Saint-Jacques sans donner d'indications sur le retour est sans doute moins une forme primitive du guide d'Hermann Künig que la source de quelques indications qu'il contient, et qui ne pouvaient sans doute manquer dans son texte si, comme on peut le penser, ce chant était dans bien des mémoires. Il présente en outre l'avantage de faire ressortir, par sa présentation plutôt pessimiste et presque sinistre du pèlerinage, combien il pouvait être opportun, dans l'intérêt même de cette cause, de fournir des informations utiles, des conseils pratiques propres à rassurer ceux qui avaient l'intention de se rendre à Compostelle.

C'est ce qu'a compris Hermann Künig, lequel au début de son guide, comme on le verra par la traduction que nous en avons faite, assure les pèlerins, qu'il appelle "Brüder" (confrères), que s'ils suivent ses conseils, ils arriveront à Saint-Jacques sans aventures fâcheuses et sans craindre les "méchantes gens" (kappunen) qui "aux pauvres pèlerins allemands, souffrir font maintes avanies". A cet effet, il leur recommande d'éviter l'hôpital Saint-Jacques de Montpellier, dont le directeur n'aime pas les Allemands et les accable de railleries et pareillement, en Espagne, l'hôpital Saint-Jacques de Najera, dont la maîtresse a mauvaise réputation. Par contre, il fait l'éloge de l'accueil que les pèlerins reçoivent à l'hôpital del Rey de Burgos, la ville même où furent empoisonnés les pauvres jacquets allemands .

Les indications topographiques fournies par notre auteur sont, en ce qui concerne les distances en milles, établies sans doute grâce à des notes prises au jour le jour, souvent arrondies mais en général assez exactes si l'on estime que le mille équivaut à environ 7 kilomètres. Les noms de lieux ont été parfois "germanisés", ainsi, nous l'avons vu, le col de Cerebro désigné par Allefaber, mais Logrono s'y nomme Grüningen et l'auteur dit aussi qu'arrivé à Burgos, on doit s'enquérir de la route passant par le "col de la porte" (Portenberg), c'est-à-dire le "Puerto de San Andrea", car le mot espagnol "puerto" est ici traduit par l'équivalent allemand de "porta" (Pforte). En France, les noms romans de localités sont souvent déformés au point d'en être parfois méconnaissables : on trouve par exemple Montegisbo pour Montesquiou, Dolos pour Toulouse et Maubourguet se cache sous le nom de Mamergeto.

Quant au chemin du retour, la "basse voie" (Niederstrasse), il est décrit beaucoup plus brièvement que la "haute voie". Tout d'abord, pour quitter l'Espagne, le guide fait suivre aux pèlerins la route de la côte de Burgos à Bayonne, qui évite la fatigue du passage des cols, chemin qui, au quinzième siècle, semble d'après des témoignages contemporains avoir pris la même valeur que celui de Roncevaux . A Burgos existe la possibilité de rejoindre Strasbourg par une route au sujet de laquelle Künig dit qu'il faut passer par la "Porte Saint-Nicolas" puis prendre à droite, mais il n'a pas dû emprunter lui-même cet itinéraire sur lequel il donne si peu de détails. La traversée des Landes est particulièrement périlleuse comme en témoignent les nombreuses tombes de pèlerins qui jalonnent la route. Le pèlerin a le choix entre deux chemins, mais Hermann Künig déconseille celui qui passe par les "petites Landes" et Dax.

La route qui passe par Bordeaux, Poitiers, Saintes et Tours suit la "via Turonensis" d'Aimery Picaud, mais, à Tours, les pèlerins allemands peuvent gagner Metz et retrouver leur patrie par un chemin qui traverse la Lorraine et sur lequel l'auteur ne donne aucun détail . Pour ceux qui se dirigent vers le nord et Paris, les principales étapes sont Orléans et Etampes. Viennent ensuite Arras et Mons puis Bruxelles, ensuite Louvain et Maastricht, et enfin Aix-la-Chapelle, où les pèlerins peuvent rendre grâce à Dieu et à Marie de les avoir protégés durant leur voyage.
Ainsi se termine le guide d'Hermann Künig qui, malgré sa faible valeur littéraire, se révèle une source précieuse de renseignements sur les conditions matérielles du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle à la fin du 15e siècle, sur les chemins qui y menaient au départ de l'Allemagne et enfin sur les motivations de ceux qui, brûlés par le soleil ou les joues bleuies de froid, entreprenaient le long et périlleux voyage vers le tombeau de saint Jacques, à la suite de Charlemagne auquel, ainsi qu'on pouvait le voir sur la châsse conservée à Aix-la-Chapelle, l'apôtre avait montré autrefois le chemin d'étoiles conduisant vers le lieu où son corps reposait.

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