page établie le 23 juin, 2003
mise à jour le 20 janvier, 2006 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente Accueil
 

Saint-Léonard-en-Beauce,
un pèlerinage encore fréquenté

Saint Léonard, sous ses différentes formes, est encore un saint qui attire des pèlerins, partout en France, parce qu’il fait encore des miracles. Nous nous sommes faits l’écho de l’un d’eux, survenu à Honfleur, dans l’église Saint-Léonard. Le Dictionnaire des saints imaginaires et facétieux, de Jacques Merceron, paru en 2002 aux éditions du Seuil remarque que les saints Léonard, Liénard, Lié, Deslié, Lénard, Yénard font partie de la série des saints qui délient : les prisonniers de leurs fers, les femmes en gésine, les fous du démon, les paralysés de ce qui noue leurs membres, etc…
On le trouve partout, de Saint-Léonard-de-Noblat (Vienne) à Corbigny (Nièvre), de Honfleur (Manche) à Saint-Léonard-en-Beauce (Loir-et-Cher), et en de nombreux autres endroits tant on le réclame en tous lieux.. En 1975, l’abbé Rivard, curé de Saint-Léonard-en-Beauce, expliquait ainsi pourquoi « de nombreuses grâces ont été et sont encore obtenues par l'intercession de saint Léonard : la vie calme et paisible toute de silence et de prière de ce saint ermite n'est-elle pas un exemple à suivre pour tant de gens surexcités, agités, névrosés de notre époque, déséquilibrés par tant de bruits, de vitesse, d'agitations et de surexcitation ? » Qui sait s’il n’avait pas raison ?
Notre époque commence à comprendre que la Science médicale n’est pas toute-puissante et que l’homme ne sait pas TOUT de son propre fonctionnement. Le temps des railleries pour ces types de pèlerinages semble aujourd’hui révolu…

La vie de saint Léonard

Ce saint ermite de la Beauce naquit vers la fin du Ve siècle. Il fut d’abord moine de l’abbaye de Micy, près d’Orléans. Sur sa demande, il obtint de son Supérieur la permission de vivre dans la solitude pour mieux se consacrer à la prière et à la pénitence; c'est alors que saint Léonard vint se fixer en Sylvalonnie, dans cette épaisse forêt de Marchenoir. Recevant des offrandes de pieux fidèles qui accouraient vers lui, le saint religieux avait construit près de sa cellule une petite chapelle dédiée à saint Etienne. La tradition rapporte que c'est un 8 décembre qu'il rendit son âme à Dieu, vers le milieu du VIe siècle (vers l'an 570) et son corps fut inhumé dans la chapelle Saint-Etienne. Le 10 mai 1226, l'évêque de Chartres fit ouvrir le tombeau du Bienheureux. Ses précieux ossements retirés, il les déposa avec respect et vénération dans une magnifique châsse et la fit transporter dans I'église du bourg qui s'était construit près de là… et qui fut appelé de ce fait « Saint-Léonard-en-Beauce ».

La châsse de saint Léonard

La châsse actuelle est la troisième. La première fut remplacée par une deuxième plus belle en 1394. Cette seconde châsse, en forme de petite église était tout en cuivre doré ; elle fut remplacée en 1772 par un reliquaire plus moderne, en bois doré et sculpté, de forme quadrangulaire. Aux quatre angles sont sculptées des palmes dorées, leurs extrémités réunies forment un couronnement gracieux, le tout surmonte d'un globe et d'une croix. Dans les côtés, des ouvertures vitrées, de forme ovale, permettent de voir les reliques, ainsi que les titres et procès-verbaux.

En 1794, pendant la Révolution, le 26 avril, une main sacrilège profana ces saintes reliques, renversant la châsse qui, vidée de son précieux contenu, fut emportée au chef-lieu de district, à Mer. Durant la nuit, un instituteur et son épouse, respectueux de la religion et des choses saintes, allèrent à l’église et sauvèrent ce qu'ils purent des reliques de saint Léonard : un grand os (le fémur) et quatre vertèbres. Ils les conservèrent fidèlement tout le temps de la Révolution et jusqu'en 1817. Alors, ils les rendirent au curé de la paroisse. Deux prêtres, envoyés par Mgr. de Sausin, évêque de Blois, vinrent faire la reconnaissance officielle de ces reliques. De son côté, Thomas Marteau, maire de la commune, multipliait les démarches pour retrouver la châsse; et elle fut découverte chez un habitant de Mer qui voulut bien la céder. Enfin, Monseigneur Pallu du Parc, évêque de Blois, permit a nouveau, en 1872, de retirer provisoirement les reliques pour permettre de renouveler entièrement la dorure du reliquaire, et elles furent replacées le 14 juillet 1872.

Grâces obtenues par l’intercession de saint Léonard

Il est invoqué contre tous les maux intérieurs, la peur, les convulsions, les maux de dents des enfants, les coliques, certaines maladies nerveuses... épilepsie, affaiblissements du cerveau, nervosité, mélancolie, neurasthénie... Le pèlerinage à Saint-Léonard en l'honneur du « SAINT ERMITE DE LA BEAUCE » a lieu chaque année le 4e dimanche après Pâques.

Pour obtenir la guérison... INVOQUEZ SAINT LEONARD ET PORTEZ SA MEDAILLE.
Voir le témoignage d'une amie Argentine guérie d'épilepsie par saint Léonard

Prière à saint Léonard,


statuette sculptée en haut du bâton de procession de la paroisse

Saint Léonard patron de cette paroisse,
Saint Ermite et fidèle serviteur de Dieu,
Vous qui avez été le réconfort des faibles et le soutien des petits ;
Vous qui avez défriché cette terre en apportant à nos pères la lumière de la Vérité et de l'Evangile ;
Vous qui leur avez enseigné le chemin du ciel ;
Vous qui, vivant dans l'Amour de Dieu et de vos frères, débordant de paix et rayonnant de joie, avez toujours eu une préférence pour tous ceux qui souffrent de l'angoisse et de la peur ;
En ce jour qui nous rassemble à vos pieds, daignez jeter un regard bienveiIlant sur tous ceux qui travaillent et qui peinent, sur tous ceux qui sont courbés sous le poids de la fatigue et de l'épreuve, sur tous ceux qui vivent sur cette terre que vous avez sanctifiée par votre vie de prière, de pénitence et de solitude ;
N'oubliez pas les habitants de cette contrée qui vous est chère, n’oubliez pas vos fidèles pèlerins venus de loin. Que votre vie leur soit un exemple, votre sainteté un modèle, que votre intercession leur soit un rempart assuré contre le mal et le péché, contre la maladie, les épidémies et les calamités de toutes sortes.
Veuillez un instant prendre en considération nos humbles prières. En réveillant en nos cœurs l'ardeur de notre foi, de notre espérance et de notre charité, aidez-nous a vivre vraiment en fils de Dieu, en enfants de lumière, forts et généreux, fidèles témoins du Christ et de son Eglise sur cette terre de Beauce dont vous avez été l'apôtre et dont vous resterez toujours le protecteur, en intercédant pour nous auprès du Seigneur. Amen .

L’église

Elle date des XIIe et XIIIe siècles ; Elle fut au Moyen age la possession des moines de l'abbaye de Bourg-Moyen à Blois (document de 1145) L'édifice comprend une nef cantonnée de bas-côtés et un chœur de deux travées terminé par un chevet plat, plus étroit que la nef et percé de deux baies en tiers-point aux remplages dessinant des trèfles. La façade occidentale qui, dans sa partie centrale, est celle de l'église du XIIe siècle, a conservé son portail à double archivolte en plein cintre retombant sur deux colonnettes à chapiteaux. La nef est couverte d'un lambris de bois en berceau brisé à sept pans sur entraits et poinçons...

Le bas-côté sud date du XIIIe siècle. II s'ouvre sur la nef par cinq arcades en tiers-point sans moulures s'appuyant sur six colonnes rondes à chapiteaux sculptés dont les tailloirs sont carrés. II faut remarquer sur le mur sud un beau portail latéral du XIIIe siècle, dont les archivoltes moulurées en tiers-point retombent sur six fines colonnettes à chapiteaux sculptés.
- La première travée du chœur appartient à l'église du XIIe siècle. Elle est séparée de la nef et de la travée suivante par d'épais doubleaux en arc brisé de section rectangulaire. Les murs latéraux sont encadrés de formerets en tiers-point ornés d'un tore et d'un rang de chevrons qui se prolongent jusqu'au niveau du sol. Les colonnes d'angle, recevant les ogives et les pilastres sur lesquels retombe le doubleau entre les deux travées, sont surmontées de chapiteaux ornés de feuillages stylisés.
- La seconde travée se terminant par le chevet plat a été ajoutée au XIVe siècle, sans doute à la place d'une abside du XIIe siècle; elle est flanquée extérieurement de contreforts étroits et saillants.
- Les voûtes des deux travées ont été refaites au XVe siècle. Elles portent les armes de François de Longueville, comte de Dunois (fils du compagnon de Jeanne d'Arc) et de sa femme, Agnès de Savoie (sœur de la reine Charlotte de Savoie), ce qui les date de 1480 environ.
- Au-dessous de la fenêtre méridionale du sanctuaire se trouve une piscine datant du XVe siècle ornée de moulures en accolade. Toute cette partie de l'édifice qui menaçait de s'effondrer a été reprise et restaurée en 1953 par M. Robert Houdin, architecte des Monuments historiques, et la fenêtre du chevet, d'ailleurs murée antérieurement a dû être supprimée. La magnifique tour du clocher, œuvre de Jean de Beauce, date de 1524.
- 1836-1864, addition du bas-côté nord
- 1969, dans le sanctuaire transformé a été placé un bel autel en pierre de Pontijou, consacré par M. le vicaire général, le chanoine Delort.
- La voûte de la nef a été refaite au XVIe siècle puis en 1975 avec beau coup d'art et de savoir-faire par les ouvriers de l'entreprise LETIENNE, de Marchenoir. En 1975, les stations du Chemin de croix ont été enlevées des piliers des bas-côtés sud et placées le long des murs des bas-côtés.

d'après Mr. l’abbé Rivard,
La Gerbe, sup. n° 84, avril 1975

Le pèlerinage à saint Léonard

Le pèlerinage a lieu le 4e dimanche après Pâques, date anniversaire de la translation des reliques de saint Léonard, de la chapelle Saint-Etienne où il avait été inhumé, jusqu'à l'église paroissiale.
Jusqu'en 2001, le programme était le suivant : messe à 7 heures, grand messe à 10 heures 30, bénédiction des pèlerins, procession jusqu'à la croix Saint-Etienne. Cette croix, située à l'entrée du village, en un lieu appelé Bel-Air, marque l'emplacement de cette chapelle Saint-Etienne, disparue depuis longtemps. La châsse de saint Léonard refaisait ainsi en sens inverse le trajet effectué en 1226. Pendant longtemps elle a été portée par les «conscrits» de l'année.
L'ancien cimetière entourant la chapelle a servi longtemps après la disparition de la chapelle. De nombreux défunts de la région ont demandé à être y inhumés jusqu'au XVIIIe siècle. Une grande place en herbe a pris sa place. L'après-midi, les Vêpres étaient suivies d'une autre procession à l'intérieur de l'église. Aujourd'hui, la cérémonie est réduite à la messe de 10h30, suivie d'une procession qui a lieu seulement à l'intérieur l'église.


En 2001 la procession s'est encore rendue à Bel-Air.


la procession en 2001
 

L'ouverture de la châsse en 1773

Copie du procès-verbal d’une ouverture de la châsse de saint Léonard, en 1733 (arch. mun. maire de Saint-Léonard, registre paroissial) :

"Le dimanche 8 février 1733, environ 3 heures après midi, issue les vêpres dites et célébrées en l’église paroissiale de Saint-Léonard près Marchenoir, diocèse de Blois, nous, Jacques Morlet, prêtre, chanoine régulier de la Congrégation de France, prieur curé de la susdite paroisse de Saint-Léonard et doyen rural du doyenné de Marchenoir, avons en vertu de la commission à nous donnée par Mgr. l’illustrissime et révérendissime Jean François Paul de Caumartin, évêque de Blois en date du 28 janvier dernier, solennellement et après l’invocation du Saint-Esprit par l’hymne Veni creator spiritus, fait ouverture de la châsse du bienheureux saint Léonard patron de cette église de Saint-Léonard, pour voir et visiter quelles reliques pouvaient être enfermées et connaître la vérité par les procès-verbaux que l’on espère y trouver. Laquelle ouverture étant faite par François Urbain Harry et Christophe Lemoine charpentiers par nous requis à cet effet et qui l’avaient faite par une bout de la dite châsse où est représenté un Christ et en présence de…(31 personnes nommées), tous habitants de la susdite paroisse de Saint-Léonard et plusieurs autres personnes en grand nombre de tous sexes et âges. Laquelle ouverture étant faite, la première chose que nous avons tirée de la châsse sont trois parchemins liés ensemble (1226-1353-1394 et un autre isolé daté1634). Ensuite avons tiré de ladite châsse un morceau de linge en forme de petite serviette dans lequel nous avons trouvé quantité de petits ossements enveloppés dans icelui linge provenant de différentes parties du corps humain. Avons trouvé un autre grand linge en façon de nappe dans lequel n’avons rien trouvé, les ossements qui pouvaient être dedans étant petits s’étant trouvés épars dans ladite châsse. Avons ensuite tiré de ladite châsse un grand sac de cuir blanc dans lequel s’est trouvé un autre linge où sont enveloppés plusieurs grands ossements des jambes, des bras et autres différentes parties du corps composant une très grande partie des ossements du corps, lesquels ossements nous avons vus et visités, et en outre fait voir et visiter par le sieur Jean Bourgeois maître chirurgien en cette paroisse qui nous a assuré être iceux ossements être une grande partie des ossements d’un corps humain, vu quoi et lecture faite des susdits procès-verbaux, fondé en outre sur la tradition des anciens qui nous ont fait connaître que de tout temps immémorial les susdites reliques ont été en grande vénération dans la susdite église, nous avons réelles reconnues et reconnaissons pour être les véritables reliques du bienheureux saint Léonard, patron de cette église, disons qu’elles sont dignes de tout honneur et vénération, et qu’elles peuvent être exposées et mises en vue au public. Après avoir chanté le Te Deum en action de grâces, avons icelles reliques remises dans la susdite châsse, enveloppées dans les mêmes linges et sacs, et icelle fait refermer et reclouer de manière que rien ne puisse être ôté… Le lendemain lundi de la Sexagésime, 9 février 1733, Monsieur Morlet prieur curé de cette église et paroisse, fit en présence de moi et de quelques habitants, l’ouverture du chef de saint Léonard où il trouva le crâne presque entier, puis il ouvrit le bras, qui est celui dont deux doigts sont levés et les deux autres fermés, l’autre qui est celui de saint Sébastien, ayant la main entièrement ouverte. Et dans ledit bras de saint Léonard il trouva le grand ossement qui parait par la verrine et quelques autres mais peu et très petits. Il ne trouva ni dans le chef ni dans le bras aucun procès-verbal, mais seulement des linges et des morceaux d’étoffe. Fit l’un et l’autre refermer et reclouer et y avoir remis toutes lesdites reliques."

 

Documents rassemblés par Geneviève Godier
Saint-Léonard-en-Beauce, Juin 2003

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