Connaître saint Jacques - Comprendre Compostelle
page établie en février 2003
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LE PUY-EN-VELAY, ville sanctuaire

Trop souvent présentée uniquement comme point de départ pour Compostelle, la ville du Puy est avant tout un grand sanctuaire marial. C'est la dévotion à Marie qui a marqué son histoire et non celle à saint Jacques. Oublié pendant plus de 9 siècles, le voyage en Galice de son évêque Godescalc est venu fort opportunément conforter la beauté des paysages de l'Aubrac et de la Margeride. Le Puy est ainsi devenu le principal point de départ vers Compostelle des pèlerins contemporains. Si Compostelle a ses années saintes, Le Puy fête aussi un grand jubilé. Moins fréquent il n'a lieu que quelques fois par siècle. Le dernier était en 1932. L'année 2005 est la première année jubilaire du XXIe siècle.
Nous publions à cette occasion un texte de Denise Péricard-Méa paru en 1997, dans L'Auvergne & le Limousin, Larousse, France Loisirs.

Un site

Le Puy-en-Velay est bâtie sur l’un des sites les plus pittoresques du monde, au centre d’un bassin verdoyant qui emprunte une impressionnante originalité aux étranges rocs volcaniques surgissant de toutes parts. Ces aiguilles de pierre, restes d’anciennes cheminées volcaniques émergent d’un paysage bien plus vieux que la chaîne des Puys. Plusieurs sont couronnées de monuments religieux car l’imaginaire assimile volontiers ces sommets à des échelles permettant d’accéder au ciel. C’est ainsi que le rocher d’Aiguille haut de 85 m. se dresse sur la rive droite de la Borne, dans un faubourg du Puy, d’où saint Michel est particulièrement bien placé pour pourfendre le dragon.

Un sanctuaire à la Vierge


La ville elle-même escalade le flanc méridional d’une colline isolée, le mont Anis, lieu de culte gaulois avant d’être un temple romain puis une cathédrale. L’accès au monument se mérite : d’abord les gradins de la rue des Tables, puis un escalier de soixante marches aboutissant à un porche établi sous l’église et communiquant avec elle par une autre série de marches. C’est de là que partit la première Croisade, de cet écrin de la Vierge Noire à demi construit sur le vide et dominé par un clocher haut de 56 m. Roman ? Byzantin ? Mozarabe ? On n’en finit pas de définir son style indéfinissable. Pas plus que ne l’est cette autre merveille, le cloître voisin où processionnaient les chanoines, l’un des plus beaux cloîtres romans d’Europe.
La Vierge Noire est vénérée au Puy dès le Xe siècle et aurait servi de modèle à toutes les Majestés auvergnates. A partir du XVIe siècle, les pèlerins lui offrent des vêtements précieux, que l’on voit représentés sur un dessin antérieur à sa destruction du 8 juin 1794 : Elle aurait été la première « vierge au manteau ». La Vierge actuelle provient de la chapelle de la Visitation et date du XVIIe siècle. Elle a été officiellement couronnée le 8 juin 1856 par l’évêque du Puy.
La gigantesque « Vierge rouge » est bien plus récente, perchée à la place de l’ancienne citadelle du rocher Corneille depuis le 12 septembre 1860. Elle se place dans la lignée des Vierges de France qui ont été érigées un peu partout au XIXe siècle pendant la rechristianisation. En 1853 l’évêque du Puy lança un concours entre sculpteurs, auquel répondirent cinquante artistes. Le projet de Jean-Marie Bonnassieux fut retenu. Une souscription internationale fut lancée. Napoléon III, en remerciement de ce que, pendant la guerre de Crimée, Sébastopol fut prise le 8 septembre 1855 après onze mois d’un siège très difficile, donna les 213 canons pris aux Russes par le général Pélissier.

Le sculpteur de Notre-Dame de France

Jean-Marie Bonnassieux (1810-1892),
Fils d’un menuisier de Panissières (Loire) il taillait dès l’enfance des figures de saints dans des chutes de bois. Il étudie à Lyon puis à l’école des Beaux-Arts de Paris où il s’affirme comme « une des espérances de l’art chrétien ». Il obtient le Grand Prix de Rome en 1836 pour Socrate buvant la ciguë. Il fait carrière à Paris où il cumule les honneurs. Notre-Dame de France au Puy est l’œuvre qui lui assura la consécration populaire.

Un sanctuaire de pèlerinage historique

La ville a été modelée pour les pèlerins dont l’afflux ne s’est jamais tari. Dès le Moyen Age et jusqu’à aujourd’hui, l'économie du Puy repose presque entièrement sur la réputation de miséricorde et de miracles de la « chère petite vierge ». La ville s’est lentement organisée pour faire face aux fameux jours de « jubilés », ces grandes fêtes qui ont lieu chaque fois que le Vendredi saint tombe un 25 mars, jour de l’Annonciation (lorsque la mort du Christ coïncide avec l’annonce de sa naissance faite à Marie l’ange Gabriel). Chaque jubilé dure deux semaines et ce depuis 1065, attirant des milliers de pèlerins. Au moment des Rogations également l’affluence était grande, ce qui n’allait pas sans causer morts par étouffement et piétinement des cultures.
Plusieurs fois, en 1225, 1255, 1406, 1418, 1428… les chroniques rapportent des mouvements de foule causant la mort de centaines, voire de milliers de pèlerins écrasés ou étouffés. Des murs s’effondrent sous la poussée. Peu à peu la ville s’organise : Elle ferme les portes lorsque la foule se fait par trop dense, elle abat des maisons pour créer des places (place du Martouret, place du Clauzel, place du Plot…). Malgré tout, la ville est prospère, riche en magasins de souvenirs ou d’ex-votos, en hôtelleries, en hôpitaux.
Cette ville haute, ancien territoire des évêques fut le premier ensemble entièrement classé par Malraux ce qui lui vaut d’avoir un magnifique groupe d’éléments architecturaux des anciennes demeures. Aujourd’hui le Puy est plus que jamais ville de pèlerinage. Elle fait partie, avec Auray, Lisieux, Nevers, Paray-le-Monial et Rocamadour des « villes-sanctuaires de France », sorte de chaîne destinée à concurrencer Lourdes. Les recteurs, directeurs diocésains de pèlerinages, délégués à la pastorale du tourisme ont compris qu’ils avaient tout intérêt à collaborer avec les responsables profanes du tourisme dans ces lieux où se mêlent la dévotion, la curiosité, la culture. Tout est prêt pour le prochain jubilé de 2005.

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