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mise à jour le 20 janvier, 2006 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente Accueil

L’effigie de Santiago Matamoros a-t-elle encore droit de cité à Compostelle ?

Saint Jacques, l'apôtre pèlerin, est connu sous d'autres figures, en particulier celle du Matamore. Selon la légende, il serait, à plusieurs reprises, venu en aide aux troupes catholiques dans leurs combats contre les Sarrasins au cours de la Reconquista. Par extension, saint Jacques est devenu l'auxiliaire de l'Eglise dans sa lutte contre tous les athéismes. (Un correspondant nous a signalé récemment une image de saint Jacques "Matamassones").
Le contexte géopolitique actuel rend cette image très sensible.

Tout commence quand le journal galicien « El Correo Gallego » du 30 avril 2004 annonce dans sa rubrique consacrée à la ville : « On a retiré de la cathédrale, le Santiago Matamoros pour ne pas irriter l’Islam ». En réalité les choses ne sont pas si simples. La pièce en question, taillée en bois au XVIII siècle par José Gambino de la corporation bien connue des « azabacheros » compostellains, représente un saint Jacques chevalier terrassant trois personnages enturbannés et se trouve entre les chapelles de Santa Catalina et de Lope de Mendoza de la Basilique. Suit un article où l’on peut lire qu’à la Cathédrale « …on pense depuis longtemps que cette statue n’est pas la plus adéquate pour représenter l’esprit actuel de l’église et le message sur la tradition jacquaire que la Cathédrale souhaite transmettre ». L’œuvre trouverait une place au musée de la Cathédrale et serait remplacée par une image de saint Jacques pèlerin. Selon certaines sources proches du Chapitre de la Cathédrale : « L’Apôtre pèlerin est une image universelle. L’autre image [le Santiago Matamoros] est liée à une époque historique et à des circonstances bien précises ».

Inévitablement, le lendemain, l’affaire a des répercussions sur l’attitude des autorités civiles, puisque le palais Rajoy, occupé par la Mairie de Compostelle, est surmonté d’une statue représentant aussi le Santiago Matamoros. Le maire, qui n’envisage pas d’appliquer la même mesure, demande « du bon sens pour ne pas créer une situation d’alarme non justifiée» et il ajoute «On va garder notre calme. Cette statue est en place depuis 240 ans, elle est de l’époque de la construction du palais et elle est un élément important de l’ensemble de la construction.»
Il faut situer cette mise en cause du « politiquement incorrect » dans le contexte espagnol d’opposition à la guerre en Irak, du retrait des troupes espagnoles de ce pays et des tragiques attentants du 11 mars à Madrid. Le porte-parole du Chapitre de la cathédrale se défend d’avoir été influencé par l’actualité internationale en rappelant que déjà dans les années 80 on avait évoqué la possibilité du remplacement de la statue du Santiago Matamoros par une autre plus proche « de notre sensibilité pour le saint Jacques pèlerin».

Il n’en reste pas moins qu’à partir du 6 mai la chapelle qui contient l’œuvre, qui passait jusqu’à maintenant pratiquement inaperçue, est l’objet de toutes les attentions de la part de la presse et occupe le débat citoyen. De nombreux visiteurs déposent des fleurs au pied de la statue pour se manifester contre la mesure envisagée par le Chapitre. Pour conclure, « El Correo Gallego » du 14 mai rapporte que don Alejandro Barral, directeur de la Commission de Culture de la Cathédrale, a expliqué qu’on aura besoin d’un vote avant toute décision et que « le débat n’a pas encore eu lieu » au sein du Chapitre. En attendant, la statue est toujours en place et la réunion-débat reportée sine die.

Une polémique du même type aurait déjà eu lieu il y a deux ou trois ans à Lenciñana del Camino, province de Burgos, où les paroissiens se sont opposés au projet de l’abbé de retirer de l’église du village une représentation du Santiago Matamoros.

Carlos Montenegro

 voir l'article saint Jacques Mataindios

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