Connaître saint Jacques - Comprendre Compostelle
page établie le 11 octobre 2005
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 Saint-Jacques ... La Mecque


© UGC

Ce film est annoncé depuis plus d'un an. Il fallait bien qu'un producteur cherche à surfer sur la vague compostellane. Il était bon aussi d'essayer de faire comprendre au grand public ce phénomène contemporain qui mérite intérêt. Il fallait aussi pouvoir lui faire partager les émotions et les sentiments des pèlerins et lui faire si possible, éprouver la magie du chemin.

Beaucoup de ces éléments nous semblent difficiles à transmettre. Nous avons souhaité voir ce film dès sa sortie. Les présentations que nous avions vues ne nous avaient en avaient pas dissuadés. Nous n'espérions pas un film historique. Et nous étions prêts à y trouver tous les poncifs qui plaisent au grand public et sont véhiculés par la grande majorité des pèlerins.

Ci-dessous les présentations officielles du film et notre avis.

Présentation officielle

« Au décès de leur mère, deux frères et une sœur apprennent qu’ils ne toucheront leur héritage que s’ils font ensemble, à pied, la marche du Puy-en-Velay jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils se détestent autant qu’ils détestent la marche. Ils se mettent pourtant en route, mus par l’appât du gain. Ils rejoignent leur guide au Puy, et découvrent qu’ils marcheront avec un groupe de six autres personnes dont un jeune beur qui fait croire à son cousin un peu naïf qu’il l’emmène à la Mecque, alors qu’il poursuit une jeune pèlerine, l’amour de sa vie… La route est longue, les quiproquos, les conflits, les amours, les rêves et les chemins intérieurs de neuf personnages se déroulent dans des paysages splendides jusqu’à l’arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle ».

Coline Serreau, Avril 2004

Le site du film

Pour en savoir plus sur le film avant d'aller le voir : Voir le site Internet du film
Nous avons apprécié les photos de cette présentation. Les extraits video ont été présentés à la télévision. Le bruit des pas cadencés sur le bitume laisse attendre un rythme soutenu.
La présentation historique est tout à fait classique. Elle évoque les trois grands pèlerinages médiévaux : Rome, Jérusalem et les quatre chemins de Compostelle. Elle reprend le chiffre de 500 000 pèlerins par an "sur ces lieux sacrés", ce qui laisse penser qu'il s'agit des trois pèlerinages. C'est déjà mieux que d'annoncer ce nombre pour les pèlerins de Compostelle comme cela est fait parfois.

Notre avis

Nous n'avons rien à dire de ce film dans notre spécialité principale : l'histoire des cultes à saint Jacques et du pèlerinage. Ce n'est pas l'objet du film. Il présente un groupe en marche vers Compostelle, neuf individus qui sont là les uns par cupidité ou fidélité, les autres pour leur besoin d'aimer ou d'être aimés, de grandir ou se transformer. Nous en parlerons donc en spectateurs au fait de certaines réalités du chemin et en pèlerins ayant connu le GR 65 et le Camino francès avant l'année sainte 1999.

Le film est servi par de bons acteurs qui campent des personnages dont on ne peut pas dire qu'ils soient toujours tout en finesse. Les personnages et le pèlerinage sont traités avec un trait caricatural de bon aloi, parfois un peu épais, loin de la réalité d'un pèlerinage traditionnel mais proche des excès que connaît le chemin de Compostelle. Certains pèlerins regretteront peut-être de voir leur expérience pèlerine dénaturée par ces excès ou exagérations. Les portraits d'hommes et femmes d'Eglise feront sourire ou grincer des dents. Mais nous avons ri souvent dans la première partie et apprécié les trouvailles de plusieurs scènes. Les longueurs sont-elles voulues pour faire prendre conscience de la monotonie de certaines parties du chemin ? Les paysages sont magnifiques mais les personnages, fermés sur leurs histoires personnelles, y sont pour la plupart insensibles. Ce groupe, conduit par un guide de la société Chemin faisant, nous a fait penser au "wagon" dont parle le Père Michel Bureau dans sa relation de pèlerinage*. Il vit sur lui-même sans contacts avec le monde extérieur. Il est d'ailleurs frappant de constater à quel point le monde extérieur au groupe est inexistant dans ce film, en dehors de quelques personnes en décors. Comme les pèlerins passent la frontière avec l'Espagne, le film franchit une barrière lorsqu'il passe de la caricature au symbolisme et aux rêves. De style différent, cette seconde partie n'est pas traitée avec plus de nuances que la première. Les personnages se transforment. La magie du chemin joue sans cacher ses effets. Le final a été construit pour "faire pleurer dans les chaumières du 9-3". Il est à l'image du film : réussi dans le style choisi. Mais que tous les futurs pèlerins ne s'y trompent pas, si rien n'est du sur le chemin, rien non plus n'est acquis automatiquement. Beaucoup de marcheurs se retrouvent comme ils étaient avant une fois quitté le "wagon".

* Pèlerin ! Marcher vers Compostelle de Michel Bureau, s.j., éd. Vie chrétienne, Paris, 2002
Le Père Bureau a rejoint saint Jacques définitivement pendant l'été 2005.

Un commentaire de Carlos M. pèlerin galicien

Un point important de l’histoire que raconte " Saint Jacques…La Mecque " est l’utilisation par les participants au voyage d’un tour-opérateur : " Chemin Faisant ". Au début du film, au moment de leur arrivée à la gare de Saint-Jean-Pied-de-Port, un guide les attend et les prend en charge jusqu’à Compostelle. Ceci est en même temps la limite et la lucidité du scénario du film de Coline Serreau. Toute réflexion sur le rôle du pèlerin est exclue et n’est pas le sujet du film. Le pèlerin cheminant dans un terrain étranger vers un sanctuaire a été remplacé par le marcheur protégé par le cocon de l’organisation et en constante relation avec les siens grâce au téléphone portable. Le pèlerinage organisé a souvent existé et en particulier quand les pèlerins devaient traverser la mer pour se rendre à Compostelle. L'inclusion de l’offre " Chemin de Saint-Jacques " dans les catalogues des tour-opérateurs est récente et répond à une demande de marché. La Xunta de Galicia, gouvernement régional, a parfaitement assimilé la nouvelle donne et a déjà fait migrer la Xerencia do Camiño, bureau de gestion du chemin de saint Jacques, du département de Culture et Patrimoine duquel il dépendait au département de Tourisme. Dans le même ordre de choses, la Xunta a prévu la fusion entre Turgalicia, société de tourisme, et Xacobeo, entité administrative consacrée aux années jubilaires compostellanes.

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