Connaître saint Jacques - Comprendre Compostelle
page établie en février 2003
mise à jour le 1 juin, 2005 Corps, reliques et sanctuaires de saint Jacques survol du site Page précédente Accueil
 

En Tarentaise,
la chapelle Saint-Jacques du roc Pupim à Saint-Marcel
(Savoie, ar. Alberville, c. Moûtiers)

En 2002, la chapelle Saint-Jacques de Saint-Marcel en Tarentaise, bien que chargée d'histoire, était à l'abandon, loin des chemins de Compostelle objets de tant de sollicitude. Aujourd'hui elle est sauvée. voici l'histoire et les légendes de saint Jacques dont elle porte le nom.

Dans la France médiévale saint Jacques a été vénéré en de nombreux lieux. Souvent l'objet de la vénération était une relique, voire un corps entier, comme à Toulouse, Angers ou Grenoble. Pour les fidèles il n'y avait qu'un saint Jacques, l'apôtre, évangélisateur. Peu se préoccupaient de savoir s'il y avait d'autres saints Jacques. Les corps entiers n'ont pas toujours été perçus comme des concurrents de Compostelle mais tous, d’une façon ou d’une autre, ont diffusé la légende espagnole de saint Jacques. Depuis le XIIe siècle la Tarentaise vénère l’un de ces saints Jacques sous le nom saint Jacques de Tarentaise ou saint Jacques d'Assyrie. Son histoire fut écrite en détail à partir du XIIe siècle. Ici pas de trace de son corps, simplement quelques reliques. Néanmoins, ce culte ne s'est-il pas substitué à un culte antérieur à saint Jacques le Majeur pour ne pas faire ombre à Compostelle ?

Ce saint de Tarentaise est sensé avoir vécu au Ve siècle. On le dit premier évangélisateur de la région, et premier évêque de Moûtiers. L’étude de son culte est particulièrement intéressante. Elle s’appuie sur un texte du XIIe siècle relatant la Vie du saint et ses miracles. Ce texte, différent de la légende de Compostelle, a fait partie d’un manuscrit qui contenait également cette légende. Il a été retrouvé au XVIIe siècle dans les archives de l’archevêché.
De ce document, aujourd’hui disparu, on conserve au moins quatre copies partielles ou des résumés :

- de Mgr. Jean-Philippe Grolée au XVIe siècle,
- du père Jésuite François Chifflet, avant 1643,
- de Mgr Besson au XVIIIe siècle
- et un document du XIVe siècle conservé à Aoste.

 

• Au XVIe siècle, Mgr. Jean-Philippe Grolée fait imprimer deux ouvrages, un Bréviaire (1519) et un Missel (1529) de Tarentaise, dans chacun desquels figure une messe de Saint-Jacques[1] où apparaissent des éléments résumés de la Vie du saint Jacques local. Dans le missel est de surcroît insérée une autre Vie sous la forme d’un curieux texte[2] qui semble avoir échappé à toute coupure.

[1]Missalead usum ecclesia metropolitane sancti Petri Tharenthasiensis , imprimé à la demande de Mgr. Jean-Philippe Grelée, Genève chez Gabriel Pomard, 1529 (archives diocésaines de Tarentaise à Moûtiers, fol. XLVI et XLVIv° ;

Breviariumad usum ecclesie metropolitane sancti Petri Tharentasiensis imprimé par ordre de Mgr. Jean-Philippe de Grolée, Lyon chez Lescuyer, 1519 ‘Archives diocésaines de Tarentaise à Moûtiers), fol.CCLVIII v° à CCLXIv°

 

• La longue transcription du père Jésuite François Chifflet a été faite avant 1643 pour les Bollandistes[3],
• En 1759, Mgr. Besson [4] dit travailler d’après les archives du chapitre de la métropole et les archives de l’archevêché.

[2]Missale… fol.CXLIV v°- CXLV,Séquence de la messe de Saint-Jacques…, p.25-26
[3]Acta sanctorum 1643, Janvier, t.II, p. 26
[4]Besson, (J.A.), Mémoires pour l’histoire ecclésiastique des diocèses de Genève, Tarantaise, Aoste et Maurienne, Nancy, 1759, introduction, p. IV et p. 191-192

Ces copies présentent quelques différences, prouvant qu’aucun des lecteurs n’avait jugé bon de transcrire la totalité du texte, ce que les points de suspension de l’édition des Bollandistes laissaient déjà supposer.

Mais il subsisterait une autre Vie, non encore étudiée, à la bibliothèque Saint-Ours d’Aoste, dans un légendier datant des XIIIe ou XIVe siècle[5].

[5]Information obligeamment fournie par Mr. l’archiviste diocésain J.P. Bergeri.

En 1969 l’ethnologue Charles Joisten[6]constatait que, dans ces textes qu’il avait étudiés, les miracles présentaient quelques variantes, mais que le fond restait étonnamment constant, à peine embelli par la tradition orale jusqu’à aujourd’hui[7]. La force de l’écrit a donc fait passer ce saint Jacques pour un saint nettement différent de l’apôtre. Mais il existe pourtant entre les deux saints homonymes quelques analogies troublantes qu’il convient d’observer soigneusement.

[6]Joisten, Charles, « Saint Jacques de Tarentaise dans les traditions populaires », Bulletin du vieux Conflans, n° 82-83, 1969, p. 1-8 [7]GARIN, (J.), Chronique religieuse de la vallée de Bozel Moutiers, 1885, p. 7-15 CANZIANI, (E.), Costumes, mœurs et légendes de Savoie, 1905, adapté de l’anglais par A. Van Gennep, Chambéry, 1920, p. 52-53

La Vie de saint Jacques d’après les résumés du manuscrit du XIIe siècle

Selon le Père Chifflet, saint Jacques est Syrien, au service du roi. Il n’accepte pas la persécution dont sont victimes les chrétiens et se convertit. Il vient de recevoir le baptême lorsqu’il rencontre saint Honorat, qu’il suit à Lérins, ce dernier lui confère les ordres majeurs et l’envoie évangéliser le pays des Ceutrons, vers 420. Il doit y être bien accueilli car on le voit, peu de temps après, construire une église Saint-Etienne. Mais en 423 la Tarentaise est envahie par les Burgondes ariens et saint Jacques et ses compagnons sont contraints de repartir à Lérins. Trois ans plus tard, Honorat le consacre évêque et le renvoie en Tarentaise, accompagné de plusieurs missionnaires.

C’est à ce moment qu’ont lieu les miracles :

                        • Dans une paroisse où les chrétiens construisent une église un ours s’élance sur un des bœufs de l’attelage et le tue. Jacques ordonne à l’ours de remplacer l’animal tué, ce qu’il fait docilement. Un jour l’ours transporte une poutre destinée à la charpente, mais trop courte pour être utilisée. D’une prière, saint Jacques allonge la pièce de bois à la bonne dimension. Le travail terminé l’ours, devenu inoffensif, repart dans sa vallée.

                        • Saint Jacques part solliciter la protection du prince des Gaules. Sur un âne il charge de la glace des montagnes qu’il veut lui offrir en présent. Malgré la chaleur et la longueur du voyage, la glace ne fond pas. Pendant une halte, un corbeau arrache l’œil de la bête de somme, mais il le restitue sur injonction de saint Jacques.

                        • Ensuite saint Jacques guérit de la fièvre un de ses disciples, lui aussi nommé Jacques. Puis il est appelé pour guérir Gondicaire le roi des Burgondes, gravement malade et prêt à mourir. Saint Jacques accepte mais négocie ses soins et demande une reconnaissance et un agrandissement de son diocèse. Gondicaire lui offre le rocher Pupim —à Saint-Marcel[8]—.Dès le XIIIe siècle, cette donation a servi aux archevêques pour asseoir leurs pouvoirs temporels sur la Tarentaise. Face à la Maison de Savoie et aux différents seigneurs, ils invoquent Gondicaire pour faire valoir leurs droits (Selon J. Roubert, le premier acte retrouvé est daté de 1350, copie attestée d’un acte de 1220).

Le Père Chifflet termine là sa transcription sur des points de suspension, sans commentaire.

[8]Savoie, ar. Albertville, c. Moûtiers

Mgr. Besson[9]qui, en 1759, travaille selon lui d’après les archives du chapitre de la métropole et les archives de l’archevêché apporte des éléments complémentaires, sans doute éliminés par le père Chifflet.

[9]BESSON, (J.A.), Mémoires pour l’histoire ecclésiastique… introduction, p. IV et p. 191-192

Lui aussi a eu en mains le manuscrit du XIIe siècle « communiqué tel quel à Moutiers » et dont, dit-il « je me départirai quand on le détruira avec fondement : la tradition de cette église ne me permet pas de le supprimer… ». Selon lui, saint Jacques reçut du même Gondicaire les revenus des cinq vallées de Bozel, Allues, Bellevilles, la Bâthie et Beaufort. Sur le rocher Purpim il établit son siège, qu’il fortifia. Il fit jaillir une fontaine sur le versant est du château (il existe encore la « fontaine Saint-Jacques », sous une voûte en berceau d’où suinte l’eau). Puis saint Jacques résilia sa charge en faveur de Marcel, descendant d’une lignée noble du pays et rentra à Lérins où il mourut le 16 janvier 429. Cet évêque, devenu saint Marcel édifia la cathédrale de Moûtiers. Le rocher Purpim domine toujours l’agglomération qui porte son nom.


Le Château Saint-Jacques, gravure de Claude Chastillon 1600
Le Château Saint-Jacques, gravure de Claude Chastillon 1600
d'après une étude d'Eric Deschamps
Saint-Marcel en 2004  vue de la roche à cupules au lieu-dit La Perouse
Saint-Marcel en 2004 vue de la roche à cupules au lieu-dit La Perouse
en rouge le tracé des limites de l'ancien château
cliché Eric Deschamps

        Analyse du texte inclus dans le missel de Tarentaise[10](1529)

            Il s’agit d’un court résumé, en forme de poème, qui, point par point, reprend la Vie ancienne : la conversion de saint Jacques, son arrivée en Tarentaise depuis les îles de Lérins… Les raccourcis sont parfois tellement importants qu’ils sont incompréhensibles sans la connaissance du texte initial. Ainsi, le miracle de la glace qui ne fond pas lors de son long transport devient : « Et pendant si longtemps que le soleil chauffa, la neige resta très dure ». Une précision donne le nom de la maladie que saint Jacques peut guérir : la peste.

            L’intérêt majeur de ce poème réside dans le fait qu’il ajoute un complément inattendu aux lectures des deux auteurs cités précédemment, et en contradiction totale avec toutes les dates citées auparavant : à la mort de Jacques, le Seigneur fait Homme a pleuré sur son tombeau et, le 4e jour, le saint ressuscita « à l’imitation du Maître ».

Factum est a Domino / Homo simplex ut columba / In defuncti dum fleret tumba / Suscitatur propere / Die quarta suscitatus est, Magistrum imitatus.

Ce paragraphe fait de saint Jacques de Tarentaise un nouveau Lazare et, indiscutablement un contemporain du Christ ressuscité.

Les faits historiques

            L’histoire du diocèse de Tarentaise a été écrite par Mgr. Besson[11]en 1759 et complétée au XIXe siècle par Mgr. Duchesne[12]. Ce diocèse a été créé par le pape Léon vers 450 par démembrement du diocèse d’Arles, ainsi qu’en témoigne une lettre de ce pontife[13], lettre qui ne donne pas le nom de l’évêque mis à la tête. Le siège est à Moûtiers et dépend de la province de Vienne.

[10]Missale… fol.CXLIV v°- CXLV, Séquence de la messe de Saint-Jacques…, p.25-26

 Au temps de Charlemagne, à la fin du VIIIe siècle, il devint à son tour archevêché comprenant, outre son propre diocèse, Aoste, Sion et Maurienne. Plusieurs brefs rappellent que néanmoins Vienne ne renonce pas à la primatie sur cette province, le premier étant le bref de Léon III du début du IXe siècle où il est dit que l’archevêque de Tarentaise reste soumis à l’archevêque de Vienne, lequel a prééminence sur 7 provinces en tant que légat du pape[14].


[11]BESSON, (J.A.), Mémoires pour l’histoire ecclésiastique ...
[12]Duchesne, (L.), Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule Paris, 1894, 2 vol., t.I, p. 207 et 236 [13]t. 54, epistola LXVII , §999, col. 884-885
[14]BESSON, (J.A.), Mémoires pour l’histoire ecclésiastique… p. 185

            Aucune mention de nom d’évêque ne figure dans ces textes dont l’authenticité n’est pas mise en doute. La bibliothèque publique de Genève conserve un Missel de Tarentaise daté du Xe siècle dans lequel, à la date du 16 janvier le calendrier et obituaire ne fait mention que de saint Marcel (le second évêque de Tarentaise) et pas du tout de saint Jacques[15].

[15]Renseignement obligeamment fourni par Mr. l’archiviste diocésain J.P. Barberi.
Les liens éventuels avec Compostelle

            Le père François Chifflet pensait que l'auteur du manuscrit qu’il a transcrit devait être Gui de Bourgogne, archevêque de Vienne et pape sous le nom de Calixte II en 1119. Il donnait à cela trois raisons, la première étant que Calixte est connu pour avoir écrit quelques vies de saints, la seconde que la Tarentaise est dans l’ancienne Bourgogne de la province de Vienne et la troisième que dans le même manuscrit figure le récit de la Translation et des miracles de saint Jacques en Espagne. Parlant de Calixte II il écrit en effet dans le prologue inséré dans les Acta Santorum:

"De fait, nous lisons qu'il a écrit quelques vies de saints. Et la Tarentaise est dans l'ancienne Bourgogne, dans la Province de Vienne. Et dans notre manuscrit, faisant suite à la Vie (de saint Jacques de Tarentaise), est le Livre de la Translation et des Miracles de l'apôtre saint Jacques en Espagne"

            Mgr. Duchesne[16]réfute cette attribution à Calixte II en remarquant simplement que cela lui semble peu probable, sans autre argument. Il ajoute même que la tradition fait remonter plus haut que 426 la création du siège de Tarentaise. Or, nous l’avons vu, les textes historiques plaident pour cette date. En revanche, l’évangélisation peut effectivement remonter beaucoup plus haut… Mais si le père Chifflet avait vu juste ?

[16]DUCHESNE, (L.), Fastes épiscopaux … t.I, p.244 n.1

En Tarentaise, un saint Jacques évangélisateur éliminé comme un concurrent de Compostelle ?

            Une Vie de saint écrite au XIIe siècle, étonnamment bourrée de dates visant à le faire vivre au Ve siècle. Un manuscrit où sont mises en parallèle les Vies de deux saints Jacques que l’on cherche soigneusement à distinguer l’un de l’autre. N'y a-t-il pas une volonté prouvant a contrario que la distinction n’était pas évidente pour les fidèles de la région ? Dans le Prologue du Codex Calistinus, l'auteur qui se présente comme Calixte II déclare qu'il a recherché partout des documents sur saint Jacques pendant quatorze ans. Serait-il venu à Moûtiers, dans la propre circonscription de Calixte II ? Y a-t-il trouvé des écrits, une tradition orale ? Le manuscrit qu’il aurait laissé après son séjour semblerait montrer qu'il aurait non seulement copié une légende locale mais aurait voulu détruire un ancien culte. Il aurait alors donné vie à un saint Jacques bien postérieur à celui de Compostelle qu'il était entrain de promouvoir pour asseoir sur le trône l'héritier légitime du royaume de Castille, son filleul et pupille Alphonse VII. Il pouvait le faire puisqu’il se trouve dans une circonscription dont un bref de Calixte II rappelle en 1120 qu'elle doit reconnaître l'archevêque de Vienne comme son primat [17].

[17]BESSON, (J.A.), Mémoires pour l’histoire ecclésiastique… p. 185

           Quant au procédé d’écriture, il est classique, ainsi que le rappelait en 1967 le Révérend Père Hervé Savon dans son introduction à la Légende Dorée : « On ne peut plus douter que les auteurs de Vies de saints n’aient libéralement attribué au héros… dont ils savaient parfois fort peu de choses, ce qu’ils trouvaient dans la biographie de quelque autre dévot personnage »[18].

[18]SAVON, (H.), « Introduction », La Légende dorée, Garnier-Flammarion, Paris, 1967, p. 9

 Les vies des deux saints présentent des analogies : l’un et l’autre viennent évangéliser une première fois et sont obligés de repartir. L’un et l’autre sont chevaliers. L’un et l’autre sont mal accueillis par le souverain de la région et arrivent à le convaincre avec deux miracles. Les miracles savoyards sont certes différents de ceux qui ont rallié la reine Lupa en Galice : glace conservée en été et guérison d’un roi. Bien qu’il n’apparaisse pas de bœufs sauvages, les animaux domptés sont cependant présents : un corbeau rend l’œil volé à un âne et un ours est domestiqué. Nous sommes ici en montagne, et les animaux dangereux ne sont pas les mêmes qu’en Galice.

            La différence fondamentale est que saint Jacques est évêque… mais il ressemble alors à celui de Jérusalem. Et si l’on en croit l’étonnant texte du Missel de Tarentaise, saint Jacques de Tarentaise aurait été effectivement un contemporain du Christ. Le résumé est trop elliptique pour qu’on puisse savoir s’il s’agit d’un nouveau Lazare, puisque le Christ pleure sur son tombeau et qu’il ressuscite au 4e jour, ou du Frère du Seigneur, puisque cette Résurrection se fait à l’image de celle du Christ. Peu importe, seul compte le fait que saint Jacques de Tarentaise fut, lui, considéré au Moyen Age comme un compagnon de Jésus. Au XIIIe siècle, les textes hésitent encore : si l’archevêque Rodolphe Ier fonde une chapellenie « en l’honneur de saint Jacques, confesseur », Pierre III fait un legs à la même chapelle mentionnée comme capellae sancti Jacobi, sans autre qualificatif[19]..

Quant aux transcripteurs des XVIIe et XVIIIe siècle, ils ne pouvaient que censurer cet épisode, en un temps où il était bienséant de ne connaître que saint Jacques le Majeur, dont le corps reposait à Compostelle. Que serait-il venu faire en Tarantaise ? Ils avaient oublié la phrase des Actes des Apôtres, disant que saint Jacques avait reçu pour mission d'évangéliser tout l'Occident.

[19]BESSON, (J.A.), Mémoires pour l’histoire ecclésiastique… preuves n° 53 et 66

L’acceptation du nouveau saint

Cette histoire de saint Jacques de Tarentaise, écrite au XIIe siècle, a-t-elle vraiment fait oublier aux fidèles leur saint primitif ? Du mont Saint-Jacques à Aime, du rocher Pupim à Villard-de-Macôt continuent de circuler les légendes, qui ne parlent souvent que de « saint Jacques », laissant libre cours à toutes les interprétations. Un doute réel est resté dans les paroisses de Hauteluce et Tignes qui ont choisi de garder le double patronage pour leur église. (On a un exemple semblable à La Chapelle d’Angillon dans le Cher, pour une Vie écrite seulement au XVIe siècle).
A Saint-Marcel, l’histoire est beaucoup plus complexe. La paroisse a dépendu du Château Saint-Jacques appartenant aux évêques, jusqu’à sa destruction au début du XVIIe siècle. Elle a hérité ensuite du culte à saint Jacques à la suite de la disparition de l’église-mère qui faisait partie intégrante du Château. Elle a assuré seule ce culte jusqu’à la fin du XIXe siècle, au moment où les autorités religieuses et les notables se sont unis pour reconstruire la chapelle du roc Pupim, sans lui redonner son titre de paroisse. Comme à Saint-Marcel, ils ont insisté sur l’identité de saint Jacques de Tarentaise grâce à la diffusion de milliers de plaquettes accréditant la vie du saint évêque, à la confection de vitraux, au tissage de bannières, à l'organisation de cérémonies grandioses.
Cette histoire complexe a été recomposée minutieusement par Eric Deschamps dans un article qu’il a l’obligeance de nous confier : Saint Jacques à Saint-Marcel en Tarentaise.

Denise Péricard-Méa, 1994-2005

 

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