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Trois récits de pèlerins du XVIIIe siècle.

Contrairement à ce que l’on dit trop souvent, les pèlerinages à Compostelle sont encore bien vivants au XVIIIe siècle, en témoignent avant tout les réglementations qui en sont faites (voir page Histoire, réglementation des pèlerinages), ainsi que plusieurs récits que nous ont laissé des pèlerins.
Les éditions Payot rééditent en 2002 :

Un paysan picard à Saint-Jacques-de-Compostelle (1726-1727),

le récit du pèlerinage de Guillaume Manier, édité pour la première fois en 1890 par le baron Bonnault d’Houët.

Cette initiative particulièrement heureuse s’ajoute à une autre un peu plus ancienne, celle des éditions du CAIRN avec, en 1998, la publication du :

Voyage de deux pèlerins à Compostelle au XVIIIe siècle,

Jean Bonnecaze en 1748 et Jean-Pierre Racq en 1790 assortie de deux études historiques sérieuses : Pèlerins au siècle des Lumières, de Christian Desplat et L’Espagne de Jean Bonnecaze et Jean-Pierre Racq de Adrien Blasquez. Le récit de Jean Bonnecaze avait déjà été publié à Pau en 1898 dans les Mélanges de bibliographie et d’histoire locale, par le chanoine Dubarat, sous le titre « Testament politique de Bonnecaze ». Le récit de Jean-Pierre Racq, conservé aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques est une première édition.

Le récit le plus long est celui de Guillaume Manier, un jeune tailleur picard parti en 1726. Nous ne savons de lui que ce qu’il en dit, c’est-à-dire fort peu de choses. Il part, dit-il, pour échapper provisoirement au paiement d’une dette. L’idée lui en est venue en voyant revenir dans son village quatre pèlerins partis pour Saint-Claude, en Franche-Comté. Se joignent à lui trois compagnons saisis de la même envie de partir. Tous les quatre sont munis des papiers nécessaires. Ils rentrent dans l’hiver 1727. (Ce récit prouve que l’ordonnance de 1717 par laquelle la Régence interdisait totalement les pèlerinages à l’étranger n’était pas strictement appliquée. D’ailleurs, en 1738, une nouvelle législation reprend les dispositions anciennes de 1665-1671-1686 imposant des contrôles et non des interdictions). En 1736, le jeune homme repart pour Rome, d’où il ne revient que pour rédiger les souvenirs de ses deux grandes aventures et mourir, en 1737, à l’âge de 33 ans.

Originaire du Béarn, Jean Bonnecaze fut un enfant fragile, une faiblesse qui ne l’empêche pas d’être formé aux travaux de la terre. Il échappe à la conscription et devient marguillier. Mais son envie est « d’aller étudier en Espagne » et, pour cela, il prend le « prétexte d’aller à Saint-Jacques ». Il part en cachette et sans papiers. Son voyage est un enfer et il renonce à son idée première et rentre en France. Ses parents l’ont cru mort. Il devient prêtre.
Le récit de Jean-Pierre Racq est beaucoup plus laconique. Il donne son itinéraire d’une façon très précise, depuis son point de départ, le village de Bruges, dans le canton de Nay (Pyrénées-Atlantiques).

A lire absolument par tous ceux qui cherchent à mettre leurs pas dans ceux des pèlerins qui nous ont précédés. On y retrouve l’atmosphère d’un siècle certes bien différent du nôtre, mais, toutes proportions gardées, des pèlerins parfois étonnamment proches de ceux d’aujourd’hui, dans lesquels chaque lecteur trouvera un écho de sa propre expérience.
Ils montrent en outre que, contrairement à ce qui est dit habituellement, si les routes de Compostelle ne sont plus fréquentées par la bonne société, elles le sont par des troupes de pauvres hères à la recherche de conditions de vie moins dures que celles qu’ils trouvaient dans leur propre pays.
Un autre récit en témoigne, d’une manière beaucoup plus fragmentaire, celui d’un Compagnon du Tour de France Jacques-Louis Ménétra, en 1757 :

Journal de ma vie,

présenté par Daniel Roche, éd. Albin Michel, 1998.

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