Connaître saint Jacques - Comprendre Compostelle
page établie le 21 mars 2005
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Les Chemins de Compostelle en France et le Patrimoine Mondial


Un panneau qui induit en erreur
Les chemins de Compostelle en France ne sont pas inscrits au Patrimoine Mondial

De nombreux monuments français portent une plaque indiquant que "les chemins de Compostelle sont inscrits au patrimoine mondial de l'humanité". Ceci est de la désinformation. En fait les chemins n'ont pas été inscrits au patrimoine mondial. L'inscription décidée en 1998 ne porte que sur 70 monuments ou ensembles architecturaux et 7 tronçons du chemin du Puy.
Ecrire que "l'ensemble du réseau constituant les chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France est reconnu par le Patrimoine Mondial", n'est pas conforme à la décision de l'Unesco. On s'étonne que cette organisation fasse graver dans le marbre : "Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France ont été inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial".

Pour permettre à nos lecteurs de se faire une opinion personnelle, nous publions ci-dessous :
- l'extrait de la décision de l'Unesco de 1998 concernant la France,
- le document remis par les autorités françaises en vue de l'inscription,
- les conclusions de l'ICOMOS, non reprises dans la décision finale.
Ce document a été établi sous l'influence des premières hypothèses faites dans l'étude contemporaine des chemins de Compostelle. Il reflète parfaitement les erreurs de méthodologie suivantes :
- faire de tout édifice au vocable Saint-Jacques une balise sur un chemin de Compostelle (ex. Neuvy-Saint-Sépulchre)
- assimiler tout pèlerin à un pèlerin de Saint-Jacques de Galice
- négliger les cultes locaux à saint Jacques sans liens avec Compostelle
- ne lire l'histoire des principaux sanctuaires français qu'en fonction de liens supposés avec Compostelle
- réduire tous les échanges commerciaux avec l'Espagne à des échanges avec la Galice
- donner une importance exagérée au Livre V du Codex Calixtinus, dont la connaissance ne fut généralisée qu'à partir de 1938.
Il est en outre intéressant de constater que plusieurs édifices prestigieux qui étaient déjà classés ou méritaient de l'être par leur intérêt propre ont été "mis au service" de Compostelle.
Contrairement à l'ICOMOS, nous émettons donc des doutes sur la qualité des informations fournies. Un véritable souci d'information devrait conduire à écrire que des monuments ont été inscrits "au titre de leur emplacement supposé sur un chemin de Compostelle".
Ces erreurs se trouvent désormais pérennisées au Patrimoine Mondial . Ainsi s'écrit l'histoire.

Décision de l'UNESCO

02 Dec 1998

LE COMITE DU PATRIMOINE MONDIAL INSCRIT 30 NOUVEAUX SITES SUR LA LISTE DU PATRIMOINE
Kyoto - Le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO, réuni depuis le 30 novembre à Kyoto (Japon), vient d'inscrire 30 nouveaux sites culturels et naturels sur la Liste du patrimoine mondial.
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FRANCE
Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France C (ii) (iv) (vi)
Tout au long du Moyen âge, Saint-Jacques-de-Compostelle fut la plus importante de toutes les destinations pour d'innombrables pèlerins venant de toute l'Europe. Pour atteindre l'Espagne, les pèlerins devaient traverser la France, et les monuments historiques notables qui constituent la présente inscription sur la Liste du patrimoine mondial étaient des jalons sur les quatre routes qu'ils empruntaient.
......

Document remis par les autorités fraçaises

Identification
Bien proposé Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France
Lieu Régions d’Aquitaine, Auvergne,Basse-Normandie, Bourgogne, Centre, Champagne-Ardenne, Ilede-France,Languedoc-Roussillon, Limousin, Midi-Pyrénées, Picardie, Poitou-Charentes et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Etat Partie France

Justification émanant de l’Etat Partie

Trois édifices évoqués dans le présent dossier : Sainte-Foy de Conques, Saint-Pierre de Moissac ou Saint-Sernin de Toulouse apparaissent incontestablement comme des chefs-d’oeuvre du génie créateur humain.
Sainte-Foy de Conques est l’une des plus belles églises romanes de France. Le tympan du grand portail représentant le Jugement dernier (vers 1140) compte parmi les chefs-d’oeuvre de la sculpture romane du Midi. L’intérieur très vaste, destiné à accueillir de nombreux pèlerins, a des proportions harmonieuses. La salle du trésor comprend un exceptionnel ensemble d’ouvrages d’orfèvrerie du IXe au XVe siècle dont la célèbre Majesté de sainte Foy.
Le portail et le cloître de l’église Saint-Pierre de Moissac, ancienne abbatiale bénédictine, compte aussi parmi les chefs-d’oeuvre de l’art roman. Exécuté entre 1110 et 1115, le portail, l’une des premières réalisations de la sculpture monumentale romane languedocienne, présente au tympan la vision apocalyptique du Souverain Juge trônant sur les nuées, entouré des symboles des Evangélistes et des vingt-quatre vieillards.
Saint-Sernin, insigne basilique (fin XIe-milieu XIIe siècle) est l’une des plus belles églises romanes de France. Sa structure architecturale illustre le type même de l’église de pèlerinage ; son matériau - la brique domine massivement la pierre, réservée à la sculpture et à quelques membres d’architecture - est caractéristique de l’art roman du midi languedocien.

Critère i

Le débat ne consiste plus à déterminer, entre l’Espagne et Toulouse, quel est le plus ancien foyer de sculpture romane occidentale. On admet aujourd’hui que, vers la fin du XIe siècle, les artistes redécouvrent un ordre monumental inspiré de l’Antiquité romaine sur de grands chantiers, comme ceux de Saint-Jacques-de-Compostelle ou de Saint-Sernin de Toulouse. En effet, de part et d’autre des Pyrénées, se mettent en place des programmes architecturaux et iconographiques très comparables. A Saint-Sernin, on peut citer la personnalité de Bernard Gilduin, sculpteur qui a signé la table d’autel consacrée par le pape Urbain II en 1096. En Espagne, à la fin du XIe siècle, des créations analogues à celles de Toulouse voient le jour si bien qu’on a parfois rapproché les chapiteaux de Saint-Sernin de ceux de Saint-Isidore de Leon. De telles comparaisons peuvent être faites au sujet des thèmes iconographiques de la nouvelle sculpture monumentale si bien que l’on s’interroge sur l’existence d’une iconographie des chemins de Saint-Jacques. S’il est difficile de répondre avec certitude, on peut toutefois constater que c’est sur la route de Compostelle qu’émergent les grands partis de le sculpture romane que le XIIe siècle va diffuser de manière définitive. Ce rôle des routes de pèlerinage dans les échanges interculturels entre la péninsule ibérique, la France et l’Europe occidentale ne se limite pas à l’ordre monumental.
Les routes de pèlerinage ont favorisé presque simultanément la “ remontée ” d’influences musulmanes vers le nord, comme en témoignent tous les objets orfévrés, provenant d’Al-Andalus, hâtivement christianisés qui se retrouvent dans les trésors des églises de France et d’autre part la “ descente ” vers l’Espagne de toute une production d’objets précieux autrefois appelés limousins, et dont on s’accorde aujourd’hui qu’ils furent produits dans une aire géographique très large, entre Loire et Douro.
Il faut enfin rappeler que, dans le domaine du patrimoine immatériel, les chemins de Saint-Jacques ont été les principaux vecteurs d’un dialogue nord-sud qu’illustre en particulier la naissance et la circulation des chansons de geste aux XIe et XIIe siècles. Des cycles épiques comme celui de Roland se sont constitués, à partir d’une matière historique réactualisée à la lumière des épisodes récents de la Reconquista, dans des monastères jouant le rôle de relais sur les chemins de Saint-Jacques. La chanson de Roland s’est ainsi trouvé enracinée dans des “ stations ” telles qu’Angoulême, Blaye ou Bordeaux, sur le chemin qui mène à Compostelle par Roncevaux.

Critère ii

Eglises de pèlerinage, hôpitaux, ponts, croix de chemin témoignent d’une pratique aujourd’hui tombée en désuétude. Pour comprendre l’importance du pèlerinage chrétien à l’époque médiévale, il est indispensable de conserver des rares témoins matériels subsistants.

Critère iii

Outre les exemples déjà évoqués on peut citer ici, pour leur qualités spécifiques, un édifice : Neuvy-Saint-Sépulchre, et un ensemble architectural : Rocamadour. L’église abbatiale de Neuvy-Saint-Sépulchre est l’une des plus intéressantes constructions qui furent édifiées au Moyen Age. Dédiée à saint Jacques avant la Révolution, la collégiale imite en effet l’église du Saint-Sépulchre de Jérusalem. Sa fondation est attribuée à Eudes de Déols qui s’était rendu en Terre Sainte en 1026-1028, avec Guillaume Taillefer, comte d’Angoulême, et en compagnie d’humbles pèlerins. Revenu en Berry vers 1045, Eudes de Déols mit à exécution son projet de bâtir, à Neuvy, une église à l’image du Saint-Sépulchre.
Rocamadour est l’un des sites les plus connus de France. Dans l’étroite gorge de l’Alzou, au pied de l’énorme rocher chargé de sanctuaires. Le village, traversé par une unique rue bordée de maisons anciennes, conserve plusieurs portes fortifiées. Le grand escalier aboutit au Fort de Saint-Amadour (milieu du XIIe siècle) sous l’église Saint-Sauveur (XIe-XIIIe siècle) ; chapelle Saint- Michel du XIIe siècle avec peintures murales du XIIIe siècle.

Critère iv

Catégorie de bien

En termes de catégories de biens culturels, telles qu'elles sont définies à l’article premier de la Convention du patrimoine mondial de 1972, le bien proposé est un ensemble. Il peut également être considéré comme un paysage culturel linéaire, conformément au paragraphe 40 des Orientations devant guider la mise en oeuvre de la Convention du Patrimoine mondial.
Histoire et description

Histoire

La conquête de Jérusalem par le calife Omar, en 638, fit hésiter les chrétiens à se rendre en pèlerinage en Terre Sainte et le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, où l’on découvrit aux alentours de l’an 800 la tombe de l’apôtre Saint Jacques le Majeur, qui apporta le christianisme dans la péninsule ibérique, bénéficia du déclin de Jérusalem en tant que lieu de pèlerinage. Saint-Jacques-de-Compostelle avait commencé par être un centre religieux local, devenu siège épiscopal aux alentours de l’an 900, mais sa renommée connut un essor rapide après la visite, en 951, de Godescalc, évêque du Puy et l’un des premiers pèlerins étrangers attestés. A cette époque, cependant, les routes n’étaient pas exemptes de brigands et de la menace d’attaques musulmanes, telle celle de 997, conduite par Al-Mansour, vizir du calife de Cordoue, lors de laquelle Compostelle fut pillée et incendiée. Dans les premières décennies du XIe siècle, le début de la Reconquista marqua l’avènement pour le lieu de pèlerinage d’une ère de prospérité, et nombre de marchandises de toutes sortes y affluaient. Ainsi, la cathédrale fut dotée de trésors immenses, au point de pouvoir garantir les besoins de Rome et des souverains de León et de Castille. C’est à partir de cette époque que le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle atteignit son apogée. Des milliers de pèlerins, dont des rois et des évêques, accomplirent de longues distances pour prier sur la tombe de l’un des plus proches compagnons du Christ. Cette apogée coïncida avec celle de l’Ordre de Cluny, qui encouragea le culte des reliques en publiant des Vies des Saints et des Recueils de Miracles. En conséquence, d’autres sanctuaires de moindre importance se développèrent parallèlement, sans pour autant éclipser la splendeur de Saint-Jacques-de-Compostelle. Du XIe au XIIIe siècle, des églises de “relais” virent le jour le long de la route de pèlerinage, et en particulier en France. Chacune d’entre elles s’enorgueillissait de reliques saintes ; de fait, le culte des reliques était le principal pilier du pèlerinage médiéval. Dans le même temps, le culte de la Vierge Marie provoquait un renouveau de ferveur. Les pèlerinages vers des sanctuaires tels que Notre-Dame du Puy, Notre- Dame de Chartres et Notre-Dame de Boulogne, déjà réputés au début du Moyen Age, connurent une spectaculaire renaissance au XIIe siècle, en conséquence de l’importance que prit le pèlerinage de Saint-Jacques-de- Compostelle. Des trois églises, celle du Puy, en Auvergne, était la plus étroitement liée à Saint-Jacques-de- Compostelle. Aimery Picaud, dans le cinquième Livre du Codex Calixtinus, description des routes de pèlerinage qu’il écrivit aux environs de 1139 pour le pape Calixte II, l’identifia d’ailleurs comme le point de départ de l’une des quatre routes de France. Elle était, bien sûr, le siège épiscopal de Godescalc, l’un des premiers pèlerins étrangers à Saint-Jacques-de- Compostelle et probablement la première établie.

Description

Les quatre principales routes de pèlerinage menant à Saint-Jacques-de-Compostelle en France partaient respectivement de Paris, de Vézelay, du Puy et d’Arles, et chacun d’entre elles étaient rejointe par plusieurs routes secondaires. Ainsi, au début de la route de Paris, des routes venant de Boulogne, de Tournai et des Pays- Bas convergeaient, tandis que d’autres partant de Caen, du Mont-Saint-Michel et de Bretagne la rejoignaient à des points intermédiaires tels que Tours, Poitiers, Saint-Jean-d’Angély et Bordeaux (qui servait également de port d’arrivée aux pèlerins venant par voie maritime d'Angleterre et des régions côtières de Bretagne et de Normandie). Le Puy faisait office de lien avec la vallée du Rhône, tandis que les routes venant d’Italie passaient par Arles. Les trois routes occidentales convergeaient à Ostabat, en traversant les Pyrénées par le col d’Ibaneta, tandis que la route orientale d’Arles empruntait le col du Somport ; les deux routes se rejoignaient en Espagne à Puente-la-Reina. La longueur totale identifiée est de 5.000 km, mais seuls sept tronçons plus courts de la route du Puy (la via podensis du Codex) sont suffisamment cohérents pour être inclus à la proposition d’inscription.

L’étude nationale des routes de Saint-Jacques-de-Compostelle en France a identifié quelques 800 biens de toutes sortes associés au pèlerinage ; soixante-neuf d’entre eux ont été sélectionnés dans le cadre de la présente proposition d’inscription, sur la base des critères suivants :
• Les biens devaient démontrer la réalité géographique de chaque chemin, en marquant son tracé à intervalles réguliers ;
• Ils devaient illustrer, par des exemples significatifs, le développement chronologique du pèlerinage entre les XIe et XVe siècles ;
• Ils devaient illustrer certaines fonctions essentielles de l’architecture le long des routes, notamment la prière (églises et monastères), le repos et les soins (hôtelleries et hôpitaux) et le voyage (croix et ponts).

La présente proposition d’inscription porte sur les biens suivants, regroupés par ordre alphabétique des régions (ceux marqués d’un astérisque sont déjà inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial, soit en tant que monuments individuels, soit en tant que composants de villes ou centres villes historiques) :
Aquitaine Périgueux : cathédrale Saint-Front
Bazas : ancienne cathédrale
Bordeaux : basilique Saint-Seurin
Bordeaux : basilique Saint-Michel
Bordeaux : cathédrale Saint-André
La Sauve-Majeure : abbaye
La Sauve-Majeure : église Saint-Pierre
Soulac : église de Notre-Dame-de-la-Findes-Terres
Aire-sur-l’Adour : église Sainte-Quitterie
Mimizan : clocher
Sorde-l’Abbaye : abbaye Saint-Jean
Saint-Sever : abbaye
Agen : cathédrale Saint Caprais
Bayonne : cathédrale Sainte-Marie
L’Hôpital-Saint-Blaise : église
Saint-Jean-Pied-de-Port : porte Saint-Jacques
Auvergne Clermont-Ferrand : église Notre-Dame-du-Port
Le-Puy-en-Velay : cathédrale
Le-Puy-en-Velay : Hôtel-Dieu Saint-Jacques
Basse-Normandie
Le Mont-Saint-Michel*
Bourgogne La Charité-sur-Loire : église prieurale Sainte-Croix-Notre-Dame
Vézélay : église Saint-Jacques d’Asquins
Vézélay : ancienne abbatiale Sainte-Madeleine*
Centre Neuvy-Saint-Sépulchre : collégiale Saint-Etienne (anciennement collégiale Saint-Jacques)
Bourges : cathédrale Saint-Etienne*
Champagne-Ardenne
L’Epine : basilique Notre-Dame
Châlons-en-Champagne : église Notre-Dame-en-Vaux
Ile-de-France Paris : église Saint-Jacques-de-la-Boucherie*
Languedoc-Roussillon
Saint-Guilhem-le-Désert : ancienne abbaye de Gellone
Aniane/Saint-Jean-de-Fos : Pont du Diable
Saint-Gilles-du-Gard : ancienne abbatiale
Limousin Saint-Léonard-de-Noblat : église Saint-Léonard
Midi-Pyrénées
Audressein : église de Tramesaygues
Saint-Lizier : ancienne cathédrale et cloître, cathédrale Notre-Dame-de-la-Sède, palais épiscopal, rempart
Conques : abbatiale Sainte-Foy
Conques : pont sur le Dourdou
Espalion : Pont-Vieux
Estaing : pont sur le Lot
Saint-Chély-d’Aubrac : pont dit “ des pèlerins ” sur la Borade
Saint-Bertrand-de-Comminges : ancienne cathédrale Notre-Dame
Saint-Bertrand-de-Comminges : basilique paléochrétienne, chapelle Saint-Julien
Toulouse : basilique Saint-Sernin
Toulouse : Hôtel-Dieu Saint-Jacques
Valcabrère : église Saint-Just
Auch : cathédrale Sainte-Marie
Baumont-sur-l’Osse et Larressinge : Pont d’Artigue ou de Lartigue
La Romieu : collégiale Saint-Pierre
Cahors : cathédrale Saint-Etienne
Cahors : pont Valentré
Gréalou : dolmen de Pech-Laglaire !
Figeac : hôpital Saint-Jacques
Rocamadour : église Saint-Sauveur et crypte Saint-Amadour
Aragnouet : hospice du Plan et chapelle Notre-Dame-de-l’Assomption, connue sous le nom de chapelle des Templiers
Gavernie : église paroissiale*
Jezeau : église Saint-Laurent
Ourdis-Cotdussan : église de Cotdussan
Rabastens : église Notre-Dame-du-Bourg
Moissac : abbatiale Saint-Pierre et cloître
Picardie Amiens : cathédrale Notre-Dame*
Folleville : église paroissiale Saint-Jean-Baptiste
Compiègne : église paroissiale Saint-Jacques
Poitou-Charentes
Saintes : église Sainte-Eutrope
Saint-Jean-d’Angély : abbaye royale Saint-Jean-Baptiste
Melle : église Saint-Hilaire
Aulnay : église Saint-Pierre
Poitiers : église Saint-Hilaire-le-Grand
Pons : ancien hôpital des Pèlerins
Provence-Alpes-Côte d’Azur
Arles*

En outre, sept tronçons du Chemin du Puy sont inclus dans la proposition d’inscription – entre Nasbinals et Saint-Chély-d’Aubrac (Languedoc-Roussillon et Midi- Pyrénées : 17 km), Saint-Côme-d’Olt et Estaing (17 km), Montredon et Figeac (18 km), Faycelles et Cajarc (22,5 km), Bach et Cahors (26 km), Lectoure et Condom (35 km : tout en Midi-Pyrénées), et Aroue et Ostabat (Aquitaine : 22 km).
Il est clair qu’il serait impossible de décrire chacun de ces biens dans la présente évaluation. Dans tous les cas, ils devraient être traités comme une proposition en groupe ou en série. Les notes suivantes, concernant les catégories de monument incluses dans les biens proposés pour inscription, sont basées sur des informations fournies dans le dossier de proposition d’inscription abrégé fourni par l’Etat Partie.

- Les églises
Les lieux de culte qui jalonnent les chemins de pèlerinage en France vont de grandes structures telles que Saint-Sernin, à Toulouse, ou la cathédrale d’Amiens, à de modestes églises paroissiales. Tous sont inclus, soit parce qu’ils figurent sur le guide produit par Aimery Picaud (par exemple la cathédrale Saint-Front, à Périgueux, ou l’église de Saint-Léonard-de-Noblat), soit parce qu’ils contiennent des reliques importantes et d’autres éléments qui les relient directement au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Certaines églises présentent des caractéristiques architecturales qui leur permettent de porter l’appellation d'“églises de pèlerinage”. Sainte-Foy à Conques, Saint-Sernin à Toulouse et la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle elle-même possèdent en particulier de grands transepts et des chapelles absidales rayonnant à partir d’un spacieux déambulatoire, conçu pour répondre aux besoins liturgiques des pèlerins.

- Les hôpitaux
La longueur et les rigueurs des pèlerinages du Moyen Age imposaient des contraintes considérables aux pèlerins, à tel point qu’ils nécessitaient souvent un traitement et des soins médicaux. Peu de ces établissements subsistent intacts sur les parties françaises de la route ; ceux-ci sont inclus dans la présente proposition d’inscription.

- Les ponts
Un certain nombre de ponts sont connus sous le nom de pont “ des pèlerins ”, et celui qui passe sur la Borade, à Saint-Chély-d’Aubrac, porte même une sculpture représentant un pèlerin. Deux sont d’une importance toute particulière : le pont du Diable, sur l’Hérault, à Aniane, l’un des plus anciens ponts médiévaux de France, et le magnifique pont fortifié Valentré du XIVe siècle, sur le Lot, à Cahors.

- Les croix de chemins
Quelques croix associées au pèlerinage sont connues le long des routes. Un exemple particulièrement magnifique se dresse en face de l’église d’Estaing, et d’autres croix plus simples s’élèvent le long des sections de la route proposées pour inscription (voir ci-dessous).

- Les routes
Bien que le tracé des différentes routes soit généralement connu, très peu d’entre elles subsistent sous une forme approchant si peu que ce soit leur aspect original. Les sept tronçons inclus dans la proposition d’inscription sont tous sur la route du Puy,* et couvrent 157,5 km, soit un peu plus de 20 % des 762 km que représente sa longueur totale. Il s’agit de routes relativement mineures (départementales ou rurales), dont le cours n’a pas changé significativement depuis le Moyen Age ; des monuments associés au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle les bordent, tels que des croix et de modestes lieux de culte. * voir l'article sur le tracé de la route du Puy en 1970

Gestion et protection
Statut juridique

Tous les biens qui font l’objet de la présente proposition d’inscription sont des monuments de diverses catégories protégés en vertu de la législation et des réglementations françaises sur les monuments historiques et l’urbanisme. Les sept tronçons de la route du Puy sont protégés par des plans du département.

Gestion

Des autorités gouvernementales, des agences de niveau national, régional, départemental et communal, des autorités ecclésiastiques, des institutions privées et des particuliers se partagent la propriété des biens. Les monuments protégés font l’objet de programmes de maintenance et de conservation, sous l’égide des Directions régionales des Affaires culturelles (DRAC) du ministère de la Culture, qui travaillent par le biais de leurs services de l’architecture et du patrimoine. La Caisse nationale des Monuments historiques et des Sites collabore à ce travail.

Conservation et authenticité Historique de la conservation

Il n’est pas possible de donner un aperçu global de l’historique de la conservation des soixante-neuf biens inclus dans la présente proposition d’inscription, de par la diversité de leur nature, de leur protection et de leur appartenance. Toutefois, on peut dire qu’ils ont dans leur ensemble été préservés dans une mesure acceptable grâce à leur classement en tant que monuments et sites historiques.

Authenticité

Le degré d’authenticité de la totalité des biens proposés est élevé, des études ayant montré que les soixante-neuf biens proposés sont associés de diverses manières à la route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui fait l’objet de cette proposition d’inscription.

Evaluation Action de l’ICOMOS

Une mission d’expert de l’ICOMOS a visité la grande majorité des biens inclus dans la proposition d’inscription en février 1998.

Caractéristiques

Il ne peut y avoir aucun doute sur la qualité de la route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Dans son évaluation de la section espagnole, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial en 1993, l’ICOMOS a fait valoir qu'“Outre son immense valeur historique et spirituelle, elle (…) illustre de manière remarquablement complète l’évolution artistique et architecturale européenne sur plusieurs siècles.” Ce commentaire est tout aussi vrai des sections françaises qui font l’objet de la présente proposition d’inscription.

Analyse comparative

Là encore, l’évaluation de la section espagnole effectuée par l’ICOMOS en 1993 reste valable pour la section française : “ Il n’existe en Europe aucune autre route de pèlerinage chrétien comparable dans son étendue et sa continuité. ”

Observations de l’ICOMOS en vue d’une action future
Nous avons ici affaire à une proposition d’inscription inhabituelle, car elle diffère de celle de la section espagnole sur un point important. En effet, le site espagnol inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial est un paysage culturel linéaire continu, qui va des cols des Pyrénées à la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle elle-même. A l’inverse, la proposition d’inscription française se compose d’une série de monuments individuels d’une grande qualité et d’une importante signification historique, qui définissent le tracé des routes de pèlerinage en France, mais ne constituent cependant pas des routes continues. La raison réside dans les différentes trajectoires historiques et économiques de la France et de l’Espagne depuis la fin du Moyen Age et dans le déclin du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Les routes elles-mêmes ont été préservées de manière plus visible et cohérente en Espagne qu’en France. Le dossier français de proposition d’inscription est une remarquable compilation, fruit de la collaboration intensive d’historiens, d’archéologues et de responsables du patrimoine dans treize régions, pas moins, qui a abouti à un document de grande importance pour la science comme pour la gestion, et l’ICOMOS souhaite exprimer son admiration devant le travail fourni par l’Etat Partie pour le rassembler. Le rapport de la mission d’expert de l’ICOMOS contient quelques propositions en vue de l’élargissement des biens qui devraient être inclus dans la proposition d’inscription, eu égard à d’autres structures associées aux biens proposés pour inscription et à d’autres zones urbaines plus vastes.
L’ICOMOS a étudié attentivement cette proposition, qui présente un mérite considérable. Toutefois, il considère que les arguments avancés par l’Etat Partie en faveur de la sélection des soixante-neuf biens inclus dans le dossier sont convaincants. Les trois critères utilisés dans la procédure de sélection (voir Description ci-dessus) sont cohérents et parfaitement valables, et toute proposition d’extension ou de révision impliquerait une réévaluation en profondeur qui aboutirait selon toute probabilité au même résultat. Dans son évaluation, en 1993, de la proposition espagnole acceptée, l’ICOMOS a commenté le classement par le Conseil de l’Europe de la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui débordait, au-delà des frontières espagnoles, dans d’autres pays européens, en ces termes : “ L’ICOMOS suggère par conséquent que les Etats Parties concernés examinent la possibilité d’une éventuelle extension du bien à d’autres sections des routes extérieures à l’Espagne ”. Les Etats Parties sont bien entendu souverains à cet égard, et il n’entre pas dans les fonctions de l’ICOMOS de proposer une inscription conjointe, de quelque sorte que ce soit, à titre de condition à l’inscription. Il espère toutefois que les deux Etats Parties concernés (la France et l’Espagne) envisageront sérieusement à la possibilité de combiner leurs sections respectives de la route sous une seule inscription, comparable à l’inscription franco-espagnole du paysage culturel de Pyrénées-Mont-Perdu en 1997

Brève description

Tout au long du Moyen Age, Saint-Jacques-de-Compostelle fut la plus importante de toutes les destinations pour d’innombrables et pieux pèlerins en provenance de toute l’Europe. Pour atteindre l’Espagne, les pèlerins devaient traverser la France, et les monuments historiques notables qui constituent la présente inscription sur la Liste du Patrimoine mondial jalonnaient les quatre routes qu’ils empruntaient.

Recommandation

Que ce bien soit inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial, sur la base des critères ii, iv et vi :
Critère ii : La route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle a joué un rôle essentiel dans les échanges et le développement religieux et culturel au cours du Bas Moyen Age, comme l’illustrent admirablement les monuments soigneusement sélectionnés sur les chemins suivis par les pèlerins en France.
Critère iv : Les besoins spirituels et physiques des pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle furent satisfaits grâce à la création d’un certain nombre d’édifices spécialisés, dont beaucoup furent créés ou ultérieurement développés sur les sections françaises.
Critère vi : La route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle est un témoignage exceptionnel du pouvoir et de l’influence de la foi chrétienne dans toutes les classes sociales et dans tous les pays d’Europe au Moyen Age.

ICOMOS, octobre 1998

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