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22 "pèlerins" de Compostelle à l'hôtel-Dieu de Lyon
entre 1534 et 1615

Une recherche dans les registres hospitaliers de l'hôtel-Dieu "Notre Dame de Pitié du Pont du Rhône" de Lyon - l'hôtel-Dieu actuel - conservés aux Archives des Hospices Civils de Lyon permet de rencontrer quelques "pèlerins" de passage en cet hôpital.
Hommes, pour la plupart, quelques femmes aussi, de toutes professions, venus de toute les régions de France ou d' Europe, de tous âges, et de très modestes conditions, puisque la première fonction de l'hôpital était d'accueillir les "pauvres passants" ou "pauvres malades".
Avec réserve, et pour des raisons de commodité, j'utilise dans cette étude, le terme de "pèlerin" mis entre guillemets, parce que ce mot est rarement employé dans ces textes, le plus souvent, il lui est préféré l'expression "allant ou venant de".
Sur ces registres sont notés, pour chaque personne qui entre à l'hôpital, ses prénom, nom, âge, profession, lieu de naissance ou de vie, éventuellement la provenance ou la destination des voyageurs. Vient ensuite une description détaillée de leurs vêtements. Certains de ces registres sont très détaillés, avec 4 à 5 lignes pour chaque personne, d'autres en revanche peuvent ne donner que les noms et dates d'entrée dans le pire des cas. Il est bien évident que dans ces derniers il n'est pas possible de savoir si le "pauvre passant " voyageur est ou n'est pas un "pèlerin".

Dans les 14 registres que j'ai lus, couvrant 81 années, entre 1534 à 1615, sur un total d'environ 40 000 entrées, j'ai dénombré 77 "pèlerins" en tout, se répartissant comme suit :

  • 53 allant ou venant de Rome.
  • 22 allant ou venant de Saint-Jacques, sans que jamais ne soit précisé s'il s'agissait de Saint-Jacques en Galice ou de Saint-Jacques-de-Compostelle.
  • 2 étaient inscrits comme pèlerins, sans précision de lieu.
  • Quelques uns parmi eux faisaient deux pèlerinages, Rome et Notre-Dame de Lorette, ou Saint-Jacques et Notre-Dame de Montserrat.

Pour ce qui concerne les "pèlerins", à partir de ces registres, on peut tirer quelques remarques :

  • Les âges varient entre 15 ans et 55 ans.
  • Les professions sont très diversifiées : affaneurs, laboureurs, vignerons, religieux, bouchers, boulangersŠ..
  • La durée du séjour à l'hôpital est très variable, cela va de 1 à 70 jours, on peut supposer que les longs séjours correspondent à un mauvais état de santé empêchant de reprendre le chemin, j'ai relevé 2 décès.
  • La description des vêtements, quand elle est précise, ne permet jamais de les distinguer des autres passants ou malades, rien du bourdon, du manteau, de la besace, rien de la "belle image " de l'iconographie habituelle ! Pour ces "pèlerins" là, on ne décrit que "malotru pourpoint ou méchante chemise, chapiau, soulier ou le reste de peu de valeur". Ceux qui passent là sont, comme prévu, de très modeste condition.

De toutes ces lectures, il me reste plus de questions que de réponses :
Pourquoi tous ces grand déplacements, et pour quelles motivations ?
Par quels chemins passaient tous ces gens ?
Dans une ville comme Lyon, y retrouvaient-ils d'autres pèlerins comme eux ?

Dominique RAJON
Commission Histoire et Patrimoine - Rhône-Alpes -
avril 2001


Quelques autres questions, à propos de ces 22 pèlerins de Compostelle : quelle proportion de femmes ? Quelles proportions par tranches d¹âges, de 10 ans en 10 ans par exemple ? Quels sont les lieux d¹origine ? Qui vient de plus loin ? Les métiers sont-ils les mêmes quelle que soit la distance parcourue ? Quel costume portent les femmes ? Combien de temps séjournent-ils, par tranche d¹âge ? etc, etc. Quel bel article en perspective ! On ne parle plus de millions de pèlerins, mais on entre dans l¹intimité (relative) de 22 d¹entre eux.
Pour continuer : Lire pour Lyon tout ce qui concerne l¹assistance aux pauvres à ces époques, l¹histoire du commerce, des routes (penser à la Saône et au Rhône navigables). Une proposition de réponse à la question 3 : dans cette grande ville, il est peu probable que les pèlerins cherchent à se retrouver entre eux (cela me semble une préoccupation extrêmement récente). La ville est trop grande, et leurs préoccupations sont de se reposer puis de marcher vers leur but, éventuellement de trouver du travail pour gagner de l¹argent. Rentrés chez eux, ils devaient plutôt entrer dans une des confréries Saint-Jacques qui commencent à se multiplier.

 

  "Pierre Begansse natif de Mantoue en Italie aagé de 24 ans pauvre passant allant à St. Jacques. A pour abi un malautru porpoin fustaine haut drap gris et fort malautru bas bleu, chapiau, soulier, une chemise.
Reseu par le billet de monsieur Ducoing " (un des recteurs de l'hôpital).

entré : vendredi 9 mai 1608
sorti : dimanche 18 mai 1608

Lyon, Arch. hospices civils, reg. FHD 29 (1608-1610)
Livre et registre des noms et surnoms des pauvres
entrans dans l'hostel Dieu
de ceuls qui sortent et y sont enterrés ou décédés,

fol. 6v° et fol.10v°.

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