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Translation des reliques de saint Jacques
à Saint-Sernin de Toulouse en 1385
d’après les comptes de la confrérie des Corps saints.

la crypte de Saint-Sernin, col. part.
visiter Saint-Sernin

Texte occitan transcrit par C. Douais,
Trésors et reliques de Saint-Sernin à Toulouse. II,
Comptes de la confrérie des corps saints.

Registre des années 1383-1395.
Documents sur l’ancienne province de Languedoc, II,
Paris-Toulouse, 1907, p. 78-85
Traduction en français : Maurici Andrieu, août 2001

 

De même, l’an ci-dessus que l'on compte 1385, le 8 octobre, le magnifique et très puissant seigneur sire Jean, par la grâce de Dieu, duc de Berry et d'Auvergne, comte de Poitou, lieutenant du roi notre seigneur, entra en la cité de Toulouse, et descendit de cheval devant la porte de l’église Saint-Sernin où étaient les seigneurs bayles avec leur table de la confrérie, avec la tête de monsieur Saint-Jacques et avec le vase d’argent , et il adora la dite tête, et donna à la confrérie 4 écus et 2 francs d’or.
De même, le dit monsieur de Berry, la même semaine, a décrété qu’il voulait faire faire la translation du corps saint de monsieur saint Jacques dans le vase et vaisseau d’argent que les nobles seigneurs bayles ont fait faire, et il voulait qu’on fasse une grande solennité, et il fut demandé aux dits bayles par monsieur le patriarche d’Alexandrie, archevêque de Toulouse, membre de la dite confrérie, de la part de monsieur de Berry, que les dits bayles ornent et parent l’église, et organisent solennellement la dite fête; et les dits seigneurs bayles, ayant délibéré entre eux en bon conseil, en l’honneur de Dieu et du saint apôtre Jacques et du monastère de Saint-Sernin et de la confrérie, agirent, ordonnèrent, payèrent, et travaillèrent avec grande diligence pour que la chose se fasse solennellement, eu égard au dit monsieur de Berry, et à monsieur le dit patriarche et à monseigneur l’abbé, et au couvent de Saint-Sernin et aux conseillers en la forme qui s'ensuit:
Premièrement, ayant fait avec le seigneur Adhémar Blanc le compte final de tout l’argent qu’il avait de la confrérie, des promesses des seigneurs du chapitre, lesquels lui avaient donné Pons d’En Azam et Germain de Gontaut, ouvriers, tels qu’ils l’avaient pris des cominaliers (?) et lui-même avait pris des dits ouvriers 27 francs .
De même, des mêmes, lesquels eurent de monsieur le patriarche, qui les donna pour faire l’image de Saint-Jacques sur la châsse, 10 francs ; desquels 47 francs les dits ouvriers prirent 3 marcs d’argent pour faire la dite image ; comptant le marc pour 7 florins 2 gros, le montant fut de 21 florins 6 gros, lesquels ils avaient donné à Me Pierre Boucaut, argentier, pour réaliser l’œuvre ; lesquels 21 florins 6 gros, déduits de la dite somme des dits 47 francs, restaient à devoir par le dit Adhémar Blanc 29 francs 1 florin.
De même, comme les seigneurs bayles avaient à faire de grandes dépenses pour la dite solennité, ils décidèrent que la confrérie se chargerait des dits 29 francs 1 florin, lesquels ils prirent du dit Adhémar Blanc pour payer et faire les choses dont il s’en suit :
Premièrement, ils payèrent au dit Me Pierre Boucaut, argentier, pour dorer six images qu’il avait réalisées, des 6 marcs d’argent - desquels il est fait mention ci-dessus sur ce livre qu’ils furent achetés et payés par les bayles de l’année dernière - afin qu’on puisse les poser sur la châsse, 4 francs par les mains du seigneur Germain de Gontaut.
De même, ils donnèrent au dit Me Pierre Boucaut une tasse pesant 7 marcs et demi once, laquelle Pierre de Pignan, marchand de Montpellier, avait donnée à la suite d’un voeu à la dite châsse de monsieur Saint-Jacques ; et ils firent compte avec lui, comprise la dite tasse, qu’il avait eu dernièrement 7 marcs et demi once, desquels il n'avait eu pour la façon que les dits 4 francs ; et ils firent compte avec lui de ce qu’il restait à lui payer pour tout le travail qu’il avait fait à la châsse sauf pour la façon des dits 7 marcs et demi once pour lesquels il avait eu les dits 4 francs. De même, les dits seigneurs bayles, de la volonté de monsieur l'abbé de Saint-Sernin, firent faire 17 enseignes (aux armes) du roi et du dit monsieur de Berry pour mettre aux portes et aux piliers de l'église, et des coquilles pour l'église, et ils payèrent de la main à la main à Me Arnaud qui ouvrage le vase de saint Exupère, 2 livres tournois.
De même, les planches où furent mises les dites enseignes sur les portes de l'église coûtèrent 5 gros 1 blanche (8).
De même, ils payèrent, pour la feuille dorée servant à faire les fleurs des dits blasons, par les mains de Germain de Gontaut, 6 gros 2 blancs.
De même, ils firent faire par Arnaud Guy, chanoine, Jacques de Quirbail ; Germain de Gontaut, Guillaume de Lamotte, Pons d’En Azam , ouvriers, une caissette de cyprès de deux empans de long et d’un empan et demi de large, et de haut en forme de vase , noblement marquée, dont le bois et la façon coûtèrent de la part d’En Gourbil 5 francs, en laquelle caissette fut mis le corps saint.
De même, ils achetèrent à En Adhémar Cabirol 5 empans et demi de ramé de soie appelé baldaquin , dont ils firent fourrer toute la dite caissette, 3 francs et demi.
De même, ils achetèrent du ruban pour mettre tout autour de la dite doublure ; qui coûta 3 gros 2 blancs.
De même, les clous pour clouer la dite doublure coûtèrent 4 blancs.
De même, ils firent faire une caissette, en étain, bien fermée, où ils firent mettre un écriteau faisant mention que là était le corps saint de monsieur Saint-Jacques, apôtre majeur, afin que le dit écriteau dure toujours et ne puisse se perdre, et cela coûta 4 gros.
De même, les ferrures de fer pour lier toute la caissette coûtèrent 2 gros.
De même, ils achetèrent serrure et clé pour la dite caissette ; et le tout coûta avec les " vernolas " (?), 7 gros.
De même, ils firent faire une belle planche de noyer pour mettre au fond de la châsse d'argent où fut mis le corps saint et trois poignées de bois grâce auxquelles on puisse la porter ; le tout coûta 13 gros.
De même, les poignées de fer et les clous avec lesquels on fixa le fond fait à la châsse et on la ferma, le fer et la main-d’oeuvre coûtèrent 9 gros.
De même, monseigneur de Berry, monsieur le patriarche, monsieur l’abbé de Saint-Sernin et les seigneurs bayles ordonnèrent que pour plus grande solennité, on fasse devant le grand autel, sous le clocher, un grand catafalque de bois, avec une grande échelle, et que dessus soit posée la châsse d’argent, et que là-dessus soit mis le corps saint dans la châsse, visible de tout le peuple.
De même, ils ordonnèrent (de mettre des) bancs au grand autel, de chaque côté, où s’assoiraient les prélats et les nobles ; auxquels bancs les bayles consentirent en protestant que ni le sacristain ni aucune autre personne ne puissent demander en conséquence que les (dits) bayles soient dans l’obligation de les faire là, ni de les refaire, ni de les réparer, sinon à leur plaisir, ni ne puissent s’en servir aux sermons et aux messes, ce dont moi Jean Agnel, notaire, ai retenu charte le 13 octobre de l’année ci-dessus 1385 ; et cela coûta tout ce qui s’en suit :
Premièrement ils achetèrent pour faire le dit catafalque et les dits bancs, et pour faire une grande chaire avec étage où monsieur le patriarche ferait sermon, ainsi que les grandes échelles, seize planches de quatre brasses chacune ; valant la planche 4 gros 1 blanche, elles coûtèrent 4 livres tournois 1 gros.
De même, ils achetèrent 9 poutres appelées pernas e miech (?), chacune de 6 brasses, comptant la pièce à 4 gros, elles coûtèrent 2 livres tournois 6 gros.
De même, deux poteaux de 6 brasses chacun qui coûtèrent 12 gros.
De même, trois pièces d'angle (?) chacune de 6 brasses, comptant chacune pour 3 gros, (qui coûtèrent) 9 gros.
De même, les chevilles et les clous coûtèrent 20 gros 2 blanches.
De même, ils payèrent en diverses fois pour le port du bois 12 gros 2 blanches.
De même, ils payèrent aux charpentiers pour la main d’oeuvre, 13 journées (de travail), comptant la journée à 4 gros, (cela fit) 3 livres tournois 4 gros.
De même, ils achetèrent 500 clous de tente pour mettre les parements, qui coûtèrent 6 gros.
De même, ils louèrent 3 hommes pour faire la sesca (?), payant à chacun par jour 4 blanches, ce qui monte à 4 gros.
De même, il coûta de porter à travers la ville les parements pour orner l'église et pour étendre ceux-ci, 6 gros 1 blanche.
De même, ils louèrent 12 draps de tisserands, pour orner le reste de toute l'église et l'extérieur; qui coûtèrent 22 gros.
De même, ils louèrent deux messagers de Saint-Jacques des hôpitaux de la cité et du bourg; lesquels avec notre messager allèrent à cheval à travers toute la ville notifier la fête, et ils dépensèrent tant en manger et boire que pour leur travail 14 gros (corrigé en 13 gros) 1 blanche.
De même, ils achetèrent une guirlande à Durou de Valmagne, marchand de soie, pour que notre messager la mette sur sa tête, ce qui coûta 5 gros.
De même, comme monsieur de Berry voulut se faire porter la caissette de cyprès, cela coûta de port avec la planche du fond de la grande châsse où elle se trouvait, 2 gros 2 blancs.
De même, il fut décrété que quand le corps saint aurait été déménagé et qu'on en aurait fait la translation, il ne retourne pas à l’endroit dont il était parti, mais qu'il soit mis à côté de la châsse de monsieur Saint-Sernin ; et ils payèrent à Bernard Salvan, serrurier et à son compagnon, pour défaire et refaire les grilles de fer de Saint-Sernin, 3 francs.
De même, le dimanche que l’on comptait le 15 octobre de l'an ci-dessus 1385, le dit monseigneur de Berry vint à l’église Saint-Sernin, il alla tout droit et entra aux (lieux où se trouvaient les) corps saints ou au sanctuaire où, de là étant il alla devant l'endroit où était le dit saint corps de monseigneur Saint-Jacques, apôtre, le majeur; il s'en fit tirer la tête, et quand il l'eut baisée, il mit au chapeau de la dite tête trois cents écus d'or, et ensuite il (les) mit au manteau d'En Germain de Gontaut, ouvrier de la confrérie, en disant qu'il donnait les dits 300 écus pour achever la châsse où on a mis le corps saint de Saint-Jacques. De même, il donna et fit poser sur le dit chapeau, par devant, une épingle ou agrafe d'or sur laquelle il y a deux saphirs, trois rubis balais, quatre grosses perles, le tout enchâssé dans l’or noblement; de même une noble et belle pierre, longue, appelée saphir sicre (?) sertie d'or, et a une extrémité de laquelle (sont) quatre perles au milieu desquelles il y a un petit rubis oriental très noble, attachée avec une chaîne d'or, laquelle pierre il lui mit au cou , et dit qu'elle avait vertu à (soulager les) maux d'yeux et les enflures de bouche, au cas où on serait atteint de quelque maladie qui de surcroît se lave avec du vin.
De même, il donna pour orner les corps saints deux beaux draps aux bords brodés d'or.
De même, là-même il prit le monument où était le corps saint, et avec grand honneur le porta lui-même avec d'autres nobles sur le grand autel : et ceci fait, le révérend père en le Christ monsieur Jean, patriarche d'Alexandrie, administrateur perpétuel de l'archevêché de Toulouse, monta sur le dit catafalque dressé au milieu de l'église sous le clocher, lequel était noblement orné et paré de draps d'or nobles, et sur le dit catafalque il y avait un autel noblement paré, sur lequel fut mise la tête du dit glorieux apôtre en la châsse d’argent; et au-dessus de l'autel il y avait un pavillon de draps d'or, et il (l'archevêque) bénit la dite châsse d'argent et la caissette de cyprès pontificalement et solennellement; et une fois faite la bénédiction et dites les litanies, étant au grand autel il sortit les saints ossements du dit saint Jacques, apôtre, le majeur, du vase de bois où ils étaient et il les mit dans la dite caissette de cyprès, qu'il ferma à clef en présence du dit monsieur le duc de Berry, fils du roi et lieutenant du roi notre seigneur, et des trois révérends pères en le Christ monsieur Pierre, cardinal de Turin, monsieur ..... archevêque de Narbonne, monsieur Arnaud de Moulis, archeveque de Meteli, monsieur ..... de Carcassonne, monsieur Bec de Castelnau de Cahors, monsieur Jean de Maillazes, Monsieur Jean de Ocra, monsieur Pierre Vila, de Lombez, évêques, monsieur Pierre Vidal, abbé de Saint-Sernin, tous étant pontificalement mitrés; et (en présence) des nobles et puissants seigneurs, monsieur Louis, comte d’Etampes, monsieur Jean, comte de Sansurre, monsieur Philippe de Savaysi, monsieur Pierre de Cren, monsieur Jean, seigneur de Lanteillete, du lignage costal de France, monsieur Philippe de Mazères, chambellan du roi, notre seigneur de Franse, monsieur Jean, comte d’Armagnac et de Commenges, monsieur le vicomte de Polomac, le seigneur de La Bonte et d’autres grands de la maison et compagnie de monsieur le duc de Berry; (en présence) de monsieur Gaillard Tournier, monsieur Galois Ysalguier, chevaliers, monsieur Raymond Daurival, chevalier, monsieur Jean Daurival, bourgeois, Jacques Delfossat, Germain de Gontaut, Pons d’En Azam, Guillaume de Lamote étant ouvriers de la dite confrérie. Et le dit monsieur le duc avec les dits seigneurs prélats le portèrent en procession du grand autel sur le dit catafalque et, à la vue des seigneurs du chapitre, des religieux Mineurs, Prêcheurs, Carmes et Augustins et de tout le peuple dont l'église était comble, ils mirent la dite caissette de cyprès en laquelle était le dit corps saint dans la dite châsse d'argent, et là ils le firent fermement enfermer à clef; et après ils le portèrent en procession à travers tout le cloître et toute l’église; et ensuite ils le remirent sur le dit catafalque, et après le dit monsieur le cardinal chanta la messe solennellement, pour laquelle fête les seigneurs du chapitre donnèrent 12 torches.
De même, les dits seigneurs bayles payèrent aux carillonneurs pour les ..... en mémoire de la dite fête 20 gros.
De même, ils payèrent pour porter les pavillons du Taur et des Prêcheurs ( car il avait été décrété que le corps saint serait porté en procession à travers la ville et cela ne put se faire à cause des eaux, et pour revenir, 3 gros.
De même, ils payèrent pour défaire le dit catafalque et la chaîre de monsieur le patriarche, et pour mettre dans l’oeuvre, pour trois hommes 5 gros.
De même, les dits seigneurs ouvriers, monsieur Bernard Daurival, docteur en décrets, bayle, monsieur Arnaud Guy, chanoines du monastère Saint-Sernin, le seigneur Germain de Gontaut, Pons d’En Azam, Gullaume de Lamote, ouvriers de la dite confrérie, achetèrent avec les dits 300 écus donnés par le dit monsieur le duc de Berry pour achever la châsse de monsieur Saint-Jacques, 20 marcs d’argent à En Adhémar Blanc, changeur; et chacun des marcs coûtait 7 florins de France, ce qui monte à la somme de 99 écus 11 gros.
De même, ils donnèrent à Me Pierre Boucaut, argentier, les dits 20 marcs d’argent pour continuer l’ouvrage de la dite châsse, et ils payèrent au dit Me Pierre, de la dite somme des dits 300 écus, 4 écus d'or.

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