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mise à jour le 15 janvier, 2009 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente Accueil
 

Les reliques de saint Jacques

Compostelle n'avait pas le monopole des reliques de saint Jacques. Il en existait de nombreuses, offertes à des cultes de proximité et parfois objets de querelles. L’homme a trop besoin de ces «parcelles d’éternité» pour s’arrêter à des querelles d’Eglise, il vient en pèlerinage là où on lui montre des reliques de saint Jacques.

le reliquaire de la crypte de la cathédrale de Compostelle (1889)

Cette châsse de la crypte de la cathédrale de Compostelle est présentée seulement depuis la fin du XIXe siècle, comme contenant les restes de l'apôtre reconnus par Léon XIII en 1884.
Plusieurs reliquaires avaient existé auparavant, mais depuis le XIIe siècle, aucun pèlerin, noble, religieux ou manant, n'avait été admis à voir les reliques.

reliques de saint Jacques en France
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L'homme est le seul être vivant qui enterre ses morts et leur voue un culte. Il conserve leur souvenir et les vénère. Culte et souvenir individuels mais aussi collectifs réglés par les us et coutumes du clan, du village, de la société.
Notre monde moderne, tout à l'orgueil de ses techniques qui prolongent la vie, tend à effacer la mort. Il lui reste, dans l'émotion des drames, les cérémonies officielles et les minutes de silence, vite oubliées. Puissance de la vie ou refus d'accepter notre condition mortelle ?
Mais le culte des reliques n'a pas pour autant disparu. S'il a quitté les églises, on le retrouve dans les ventes aux enchères d'objets ayant appartenu à des personnalités, simple passion de collectionneur ou désir de se rendre proche d'une idole ?

On dit de saint Jacques qu'il accompagne les âmes lors de leur grand passage. Elles parcourent avec lui la Voie Lactée avant le Jugement suprême. Est-ce pour cela que de nombreux pèlerins se pressent à nouveau à Compostelle où serait son tombeau ? On peut en douter.
La présence d'une relique ne fait plus déplacer les foules depuis que les Eglises semblent ne plus y croire à défaut d'avoir su en bien faire comprendre le sens à un monde de plus en plus matérialiste. Et pourtant le fond de l'âme humaine n'a-t-il pas besoin d'une certaine forme de culte concret qui ne se satisfait pas des cérémonies des 1er et 2 novembre ?
Conserver et retrouver une relique, ce fut d'abord veiller avec grand soin aux restes des premiers martyrs, vite devenus objets de dévotion et de pèlerinage. Au-delà du respect, il y avait l'espoir que ces restes portaient encore avec eux un peu de la force qui les avaient fait vivre. Ils rappelaient l'homme ou la femme qu'ils avaient constitué, disparu au regard mais proche à l'esprit. Etres chers devenus des modèles dont les restes pieusement conservés donnaient l'occasion de se mettre soi même en route vers un au-delà inaccessible par nos seuls moyens. Le culte a connu des excès et des dérives mais les reliques ne semblent pas mortes pour autant, même si notre époque reste, à juste titre, méfiante vis à vis de toute forme de superstition.
A Compostelle le recueillement au tombeau de la crypte est bien une étape obligée pour tout pèlerin. Vient-il y vénérer des reliques d'un apôtre ? Y sont-elles vraiment alors que tant d'autres lieux prétendent les posséder aussi ? Sont-elles authentiques ou pas ? Est-ce vraiment nécessaire de le savoir ? L'essentiel n'est-il pas d'un autre ordre ?
Comment comprendre aujourd'hui qu'un pape du XIXe siècle ait pu authentifier les restes supposés être à Compostelle ?
Comment réagir devant cette carte des reliques de saint Jacques, sûrement incomplète mais couvrant une grande partie de notre pays ?
Quelle actualité de ce culte ?
Quelles émotions à la crypte de Compostelle ou à celle de Saint-Pierre de Rome ?
Ne nous hasardons pas à répondre trop vite à ces questions.

Nous laissons aux visiteurs du site le soin de nous faire part de leurs réactions et de leurs expériences.

Ci-dessous commentaire de Paul Burget, le 3 octobre 2002

Quelle est l'actualité de ce culte ?
"Si le pape Jean-Paul II est venu à Compostelle et a prié devant les reliques de saint Jacques, on peut penser qu'il les considère comme authentiques ! Pour moi, croire que les reliques contenues dans la châsse sont celles de saint Jacques est un acte ‘digne’ de foi. N'y pas croire, chacun en est libre ; comment alors s'étonner de réactions telles que : 'qu'est-ce que je fais là-devant ?!' j'admire le travail d'orfèvrerie de la châsse… et je remonte illico dans la cathédrale ! Cet homme du XXIème siècle, pétri d'esprit critique et de rationalisme, ne peut qu'être frustré de l’émotion que devait éprouver le pèlerin du XIIème... "
Quelles émotions à la crypte de Compostelle ?
"Arrivé de bon matin dans la cathédrale silencieuse, je descends à la crypte; un silence encore plus 'dense', une lumière diffuse; je suis seul devant la châsse. Je crois, saint Jacques, que tu es là, que ton esprit m'accueille, une prière d'action de grâce jaillit de mes lèvres, une grande paix m'envahit."
A la crypte de Saint-Pierre à Rome ?
"Il faudrait y arriver à pied après une longue marche pour pouvoir comparer. En pèlerin motorisé, entouré d'autres pèlerins, dans une crypte bien plus importante, on vit plus difficilement l'émotion de la rencontre avec Saint-Pierre, pourtant bien présent. Les sensations sont comme diluées."
La carte des reliques de saint Jacques en France montre l'importance de son culte dans ces régions. "Ceux qui ne pouvaient entreprendre le 'grand voyage' étaient certainement heureux de pouvoir l'honorer dans ces églises plus proches. Cela devait aussi donner des idées à certains (comme actuellement !) qui allaient à leur tour se mettre en marche... Je pense que, si les Croisades ont pu mobiliser tant de chrétiens vers Jérusalem, Compostelle, plus proche et moins dangereux, a dû drainer vers la tombe de saint Jacques encore plus de chrétiens en quête de sanctification. On n’aurait pas créé tant d’hôpitaux et monastères pour accueillir un petit nombre de pèlerins."

ndlr : Le pèlerin du XIIe siècle était encore plus frustré que le pèlerin d'aujourd'hui puisqu'il n'était pas admis à voir le tombeau. Certains d'ailleurs s'en plaignent, voir à ce sujet la thèse de Denise Péricard-Méa, page 346*.
Un second point mérite commentaire : les hôpitaux et monastères n'ont pas été créés spécialement pour les pèlerins, c'est une idée fausse transmise par l'enthousiasme des premiers chercheurs qui ont redécouvert Compostelle et qui ont vu dans les hôpitaux des jalons pour retrouver les anciens chemins de Galice.


Compostelle et cultes de saint Jacques au Moyen Age

Denise Péricard-Méa

Thèse Paris I-Sorbonne,
PUF, col. Le noeud gordien, oct. 2000, 386 p, 21,85 Euros
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